Des roquettes se sont abattues dimanche près de l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad. Un peu plus tôt, l'Iran annonçait ne plus respecter les limites à ses activités nucléaires. L'Iran a annoncé, dimanche 5 janvier, qu'il s'affranchissait davantage de l'accord de 2015 sur son programme nucléaire, en ne s'imposant plus de limites pour l'enrichissement d'uranium. Si cette annonce était attendue, elle coïncide avec la forte aggravation des tensions entre Téhéran et Washington, après la frappe américaine en Irak qui a tué dans la nuit de jeudi à vendredi le général iranien Soleimani, fer de lance de l'influence militaire de la République islamique au Moyen-Orient. D'après la télévision d'Etat iranienne citant un communiqué du gouvernement, Téhéran ne va plus respecter les limites à ses activités nucléaires fixées dans l'accord de Vienne : qu'il s'agisse du nombre de centrifugeuses pour ses capacités d'enrichissement d'uranium, du degré d'enrichissement de l'uranium ou de ses activités de recherche et développement. Toutes ces activités dépendront désormais des besoins techniques du pays. Toutefois, Téhéran continue de se soumettre aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), « comme avant ». La République islamique pourrait ainsi revenir sur sa décision si les Etats-Unis lèvent leurs sanctions à son encontre. L'accord de Vienne, signé en 2015 avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni – et l'Allemagne, prévoit une limitation des capacités nucléaires du pays en échange de la levée des sanctions internationales qui le visaient. En assassinant le général iranien Ghassem Soleimani, le 3 janvier, les Etats-Unis ont sans doute donné le coup de grâce à ce traité, que Donald Trump avait déjà dénoncé en 2018, mais qui servait encore de cadre à un dialogue avec les Européens. Parallèlement, dans la soirée de dimanche, au moins deux roquettes se sont abattues près de l'ambassade des Etats-Unis dans la « zone verte » de Bagdad. Depuis fin octobre, 14 attaques à la roquette ont visé des intérêts américains en Irak. Jamais revendiquées, plusieurs ont été attribuées par Washington aux brigades du Hezbollah, une faction pro-Iran qui avait appelé, samedi, les forces de sécurité irakiennes à s'éloigner des troupes américaines avant dimanche 17 heures locales (15 heures à Paris), laissant présager des attaques. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a estimé qu'il y avait de «grandes chances» que l'Iran s'en prenne aux forces américaines en Irak ou en Syrie. Les Etats-Unis comptent 5.200 soldats déployés en Irak. Le président des Etats-Unis Donald Trump avait, lui, annoncé, samedi, avoir sélectionné 52 sites en Iran et que ses forces armées les frapperaient «très rapidement et très durement» si la République islamique attaquait du personnel ou des sites américains. Un haut responsable iranien a menacé dimanche de s'en prendre à Israël et de réduire «en poussière» Tel-Aviv et Haïfa si les Etats-Unis mettaient à exécution ce projet. Les responsables allemand, français et britannique ont convenu d'œuvrer ensemble pour un apaisement de la situation au Moyen-Orient. La chancelière Merkel, le président Macron et le premier ministre Johnson se sont entretenus dans la journée de dimanche par téléphone. Les trois dirigeants «sont d'accord pour estimer qu'une désescalade est désormais urgente», a détaillé le porte-parole de Mme Merkel. «L'Iran en particulier est instamment invité à faire preuve de retenue dans les circonstances actuelles». Emmanuel Macron a appelé Téhéran à s'abstenir «de toute mesure d'escalade militaire susceptible d'aggraver encore l'instabilité régionale». Par ailleurs, alors que le Parlement irakien a exhorté le gouvernement d'expulser les soldats de la coalition internationale, Londres a demandé à Bagdad à les autoriser à rester. Les Britanniques font partie des forces invitées par le gouvernement à Bagdad en 2014 pour aider à lutter contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et toujours stationnées dans le pays. La France a aussi rappelé dimanche soir à l'Irak l'importance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, a eu un entretien téléphonique avec le premier ministre irakien Adel Abdel-Mahdi. « Il a souligné l'importance de la poursuite de la lutte contre Daech (acronyme arabe de l'EI) en Irak et en Syrie dans le cadre de la Coalition internationale contre Daech, dans le plein respect de la souveraineté irakienne », a indiqué le ministère dans un communiqué.