Pour la deuxième fois depuis plus d'un an, les rues de la capitale Alger sont désertes un vendredi : la pandémie de maladie à coronavirus a faire interrompre les marches hebdomadaires du mouvement de contestation algérien. Nul manifestant, nul banderole, nul slogan, le centre de la capitale privé de ses occupants habituels, y rencontrer âme qui vive est quasi-difficile : en ce 58ème vendredi du «Hirak» — le soulèvement pacifique antirégime qui secoue l'Algérie depuis le 22 février 2019 —, seuls des policiers, la plupart portant des masques, sont présents, répandus dans les rues du centre de la capitale et ses endroits emblématiques, ont constaté des activistes locaux. Des foules compactes avaient jusque-là défilé chaque semaine à Alger et en province, les intimidations des forces de l'ordre, les rigueurs climatiques, les vacances d'été, le jeûne du ramadan et même, jusqu'ici, les annonces des premiers morts liés du nouveau coronavirus, pour réclamer une «Algérie libre, civile, démocratique et sociale». Mais face à la propagation continue de la pandémie -25 morts et 367 cas confirmés en Algérie-, les autorités ont interdit tous les rassemblements, y compris les marches. Au sein même de la contestation populaire et de l'opposition politique, les appels réitérés à les suspendre de manière temporaire se sont multipliés dernièrement. Un fourgon et des véhicules de la mairie, équipés de haut-parleurs et couvert d'affiches de sensibilisation sur la maladie Covid-19, appelaient les habitants à aseptiser leurs «maisons et à y rester». L'Algérie avait ordonné mi-mars la fermeture des établissements publics dans les grandes villes ainsi que la suspension de tous les moyens de transport en commun publics et privés en plus du trafic ferroviaire. Ecoles, salles des fêtes, universités, mosquées, commerces, stades, etc., étaient déjà fermés.