Pour la 56ème semaine d'affilée, des milliers de personnes sont descendues vendredi dans les rue de la capitale d'Alger pour réclamer le départ du régime, au moment où le mouvement de contestation populaire affronte l'épreuve de son renouvellement et la propagation du coronavirus. Et en dépit des interdictions du ministère de l'Intérieur. Pour la 56ème semaine d'affilée, des milliers de personnes sont descendues ce vendredi 13 dans les rues d'Alger, pour réclamer un « changement de régime », au moment où le mouvement de contestation populaire, le « Hirak », se cherche un nouveau souffle tout en affrontant l'épreuve du coronavirus. L'Algérie est en effet le pays d'Afrique le plus touché par la pandémie, selon les chiffres officiels. «Algérie libre et démocratique !», «Rien ne nous arrêtera, même le virus» a repris en chœur une foule compacte, encadrée par un dispositif policier d'envergure. Les manifestants ont aussi scandé leurs mots de ralliement habituels «Etat civil et pas militaire» ou «Les généraux corrompus à la poubelle, le peuple aura sa liberté», parmi d'autres slogans. Certains contestataires ont arboré des photos de détenus interpellés dans le cadre du Hirak ainsi que les couleurs nationales, omniprésentes dans les défilés. Si la mobilisation draine encore des gens, elle semble touchée par les craintes relatives à la propagation du coronavirus. Il est cependant difficile d'évaluer précisément le nombre de manifestants en l'absence de tout comptage officiel. La police a procédé à des interpellations, d'après des activistes. Cette manifestation intervient alors que l'Algérie a enregistré le 11 mars ses deux premiers décès liés au nouveau coronavirus. De plus, sept nouveaux cas de Covid-19 ont été recensés, ce qui porte à 26 le nombre des personnes infectées confirmées sur le territoire algérien selon le ministère de la santé. Les autorités ont également évoqué une «décision» du président mal élu, Tebboune, d'interdire tout rassemblement, et ce, pour cause de coronavirus. Le Hirak n'entend pas cette annonce de la même oreille. Parmi les protestataires ce 13 mars, quelques-uns seulement portaient des masques de protection contre le Covid-19. D'autres défilés ont eu lieu en province, notamment à Oran et Mostaganem (nord-ouest du pays), à Tlemcen (nord) à Sétif, Annaba et Constantine (nord-est) ainsi qu'à Tizi Ouzou et Boumerdès, à l'est d'Alger. De nombreuses personnes ont brandi des portraits de personnalités emblématiques de la révolution algérienne [la guerre d'indépendance contre la France de 1954 à 1962, NDL]. Ainsi était mis en avant le portrait de l'opposant et militant Karim Tabbou, figure phare de la contestation, toujours en prison.