La rue continue d'exiger le démantèlement du « système » et le départ de ses pilliers, au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1962. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, samedi 22 février, au cœur d'Alger, jour anniversaire du déclenchement du «Hirak», le mouvement populaire de contestation inédit qui agite l'Algérie depuis un an. «Nous sommes venus vous dégager !», «le peuple veut faire chuter le régime», ont scandé à l'adresse des dirigeants algériens les manifestants rassemblés autour de la Grande Poste, lieu de regroupement historique des manifestations hebdomadaires du «Hirak» dans la capitale depuis un an. «Non au pouvoir militaire, Etat civil et non militaire», était-il inscrit sur une grande banderole, en référence à l'autorité exercée de façon opaque par le haut commandement militaire sur le pouvoir civil depuis l'indépendance du pays en 1962. Les manifestants ont tenté de progresser vers le palais d'El Mouradia, le siège de la présidence algérienne, mais ils en ont été empêchés par des cordons des forces de la police antiémeute qui a fait usage d'un canon à eau pour les bloquer et les repousser. Quelques personnes ont été interpellées brièvement avant d'être relâchées. Le calme est ensuite revenu et une foule compacte est retournée vers l'esplanade de la Grande Poste en criant le slogan phare du 1er anniversaire du Hirak: «Nous ne sommes pas venus faire la fête mais nous sommes venus vous faire dégager.» Les derniers groupes de protestataires ont été dispersés par la police en fin d'après-midi. D'autres marches ont eu lieu en province. Des appels à manifester samedi avaient été lancés sur les réseaux sociaux pour célébrer le premier anniversaire de ce mouvement de contestation, qui continue semaine après semaine à réclamer le changement total du «système» au pouvoir. Le 22 février 2019, les Algériens, perçus comme résignés et dépolitisés, descendaient en masse dans les rues des grandes villes, notamment à Alger où toute manifestation est pourtant interdite, pour s'opposer à la volonté annoncée du président Abdelaziz Bouteflika, profondément diminué par la maladie, de briguer un 5e mandat. Six semaines de manifestations de plus en plus massives ont contraint le 2 avril le haut commandement de l'armée, pilier du régime, à exiger et obtenir la démission d'Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis vingt ans. Mais le Hirak, qui exige une véritable «rupture avec les institutions actuelles» et refuse que le processus soit confié au pouvoir en place, n'a pu empêcher l'organisation d'une présidentielle en décembre et l'élection d'Abdelmadjid Tebboune, ancien fidèle d'Abdelaziz Bouteflika, malgré une abstention record à plus de 60%.