Un journaliste indépendant algérien, Khaled Drareni, a été placé sous mandat de dépôt mercredi après l'annulation de son contrôle judiciaire par la chambre d'accusation de la cour d'Alger, a indiqué à Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). « Lors du procès, le mandat de dépôt a été prononcé. Il attend l'exécution du verdict », a précisé M. Salhi. « Je suis placé en mandat de dépôt. C'est la première fois que cela m'arrive. je ne sais pas comment réagir », a confirmé mercredi soir le journaliste sur Radio M, une radio en ligne privée dans laquelle M. Drareni travaille. « J'attends les conseils des avocats pour savoir quelle décision finale je dois prendre », a-t-il ajouté. Correspondant en Algérie de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), le journaliste avait été arrêté le samedi 7 mars alors qu'il couvrait un début de manifestation antirégime à Alger. Accusé « d'incitation à attroupement non armé et d'atteinte à l'intégrité du territoire national », il avait été relâché le 10 mars après trois jours en garde à vue. « C'est vraiment une escalade de la répression incompréhensible au moment où nous avons besoin de vider les prisons face à la contagion du coronavirus », a déploré M. Salhi. La même cour d'Alger a rejeté mercredi la demande de liberté provisoire de Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, deux militants du « Hirak » — le mouvement de protestation inédit qui ébranle le pouvoir algérien depuis treize mois — arrêtés avec Khaled Drareni le 7 mars. Enfin, un des premiers activistes du « Hirak », Hadj Ghermoul, a été condamné en appel par le tribunal de Mascara (nord-ouest) à un an de prison avec sursis, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, sur sa page Facebook. Il avait écopé en première instance de 18 mois de prison ferme pour avoir diffusé des vidéos « portant atteinte à l'intérêt national ». La machine judiciaire continue de sévir en Algérie pendant la pandémie (21 morts et 302 cas confirmés officiellement): Karim Tabbou, figure populaire du mouvement de contestation, a été condamné mardi en appel à une peine alourdie d'un an de prison ferme. « Face à cette escalade, nous sommes inquiets pour le reste des procès », a souligné M. Salhi. Plusieurs dizaines de personnes restent en détention dans le cadre du mouvement de contestation, selon les organisations de défense des droits humains.