Le ministre espagnol de l'intérieur, Jorge Fernandez Diaz, en visite à Rabat, a proposé, lundi soir à son homologue marocain, Mohamed Hassad, une intensification de la coopération dans la lutte contre le jihadisme, en ayant recours aux mêmes mécanismes utilisés par les deux pays en matière de lute contre le narcotrafic. Selon un document obtenu par le quotidien espagnol « La Vanguardia », M. Diaz a proposé la formation de patrouilles mixte et la création de Centres de coopération policière (CCP), à l'instar de ceux installés à Tanger et à Algesiras pour barrer le chemin aux narcotrafiquants. La menace jihadiste ainsi que le défi de l'immigration sont à l'ordre du jour de ce mini-sommet élargi aux ministres de la défense des deux pays, respectivement Pedro Morènes et Abdellatif Loudiyi. Le récent démantèlement à Madrid et le Maroc d'un réseau de 14 jihadistes qui avaient l'intention de provoquer « un massacre » dans les deux pays, illustre l'efficacité de l'action conjointe menée par les deux pays contre les réseaux liés à l'Etat islamique ou Daech. Il constitue, par ailleurs, une sorte d'alerte pour les deux gouvernements contre la menace d'éventuels attentats des deux cotés du détroit de Gibraltar, souligne le journal selon lequel, le ministres espagnol de l'intérieur a abordé, lors d'un dîner avec son homologue marocain, la nécessité d'un renforcement des équipes conjointes d'enquête contre le terrorisme. Ceci implique que des enquêteurs de la Direction générale de surveillance du territoire (DGST) participent, chaque fois et avec plus de fluidité, aux enquêtes sur le sol espagnol en échange d'un renforcement de la présence au Maroc de policiers espagnols spécialisés dans ce domaine. De même source on précise que Fernandez compte tirer plus de profit de l'échange d'informations à travers le système « point à point », lequel garantit une communication directe et sûre entre les agents des deux pays. Mais la proposition la plus importante reste celle qui anime les marocains désireux d'appliquer à la lutte contre le jihadisme, les modèles de coopération bilatérale utilisés contre les narcotrafiquants. Ces dits modèles incluent les patrouilles conjointes, les CCPs et le Plan Telos de vigilance coordonné par terre, mer et air, créé au début de 2013 pour contrôler le trafic dans le Detroit de Gibraltar, et progressivement élargi à d'autres zones frontalières du G-4 (Espagne, Maroc, Portugal et France). Autre sujet de préoccupation particulière pour les deux gouvernements, le phénomène des jihadistes « retournés », c'est-à-dire, ceux qui, recrutés en Espagne, le Maroc ou autre pays pour rejoindre l'Etat islamique en Irak ou en Syrie, sont ensuite renvoyés chez eux pour y commettre des attentats. L'autre problème clé dans l'agenda de MM. Fernandez et Hassad, croit savoir le journal, est la crise migratoire en méditerranée. A cet effet, le ministre espagnol fera part à son homologue marocain de sa « conviction » qu' « 'il ne s'agit pas là d'un problème purement d'asile mais que son composant fondamental est le trafic d'être humains ». De son coté, Morènes tiendra une réunion avec son homologue marocain Abdellatif Loudiyi , axée sur le forum méditerranéen 5+5, et les missions extérieures déployées dans la zone du Sahel, également pour combattre le terrorisme.