Le site d'information algérien « TSA » (Tout Sur l'Algérie) revient sur l'affaire des Moines de Tibhirine assassinés en 1996 en Algérie, en relayant les propos de la ministre française de la Justice, garde des sceaux, Christine Taubira qui avait sommé les autorités algériennes à apporter des éclaircissements sur cet assassinat ; « À ceux qui croyaient que les contentieux algériens se réglaient en Algérie, à ceux qui s'interrogeaient sur le secret de la longévité du président Bouteflika ou sur cette soudaine puissance politique qui lui permit de limoger le général Toufik et d'incarcérer trois autres généraux, à ceux qui pariaient sur un « retour de bâton » et pronostiquaient une contre-offensive des amis du chef du DRS, Christine Taubira, la ministre française de la Justice, vient d'apporter une réponse sans bavures : les officiers algériens seraient bien inspirés de rester tranquilles, la menace d'un jugement international qui plane sur leur tête n'est pas encore levée, écrit Mohamed Benchikou. Dans une chronique sous le titre, « Madame Taubira et la tête de nos généraux », l'auteur souligne que la ministre Taubira qui a récemment effectué une visite de travail à Alger, n'est pas femme à heurter ses hôtes. Elle exige seulement d'avoir, en urgence, « une réponse claire des autorités algériennes sur l'affaire de l'assassinat des moines de Tibhirine » afin, précise-t-elle, que la vérité jaillisse. Une réponse claire des autorités algériennes ? La vérité ? Il y en aurait donc une, une seule, et elle serait soigneusement cachée par les autorités algériennes qui, rappelons-le, avaient refusé que le juge Trévidic, qui était en charge de l'affaire, alors en mission à Alger, rentre en France avec des prélèvements effectués sur les dépouilles, poursuit l'auteur. Selon ce chroniqueur de TSA, la ministre française envoie ainsi une mise en garde : la vérité, de toutes les façons, les dirigeants français vont la connaître dans peu de temps, le temps de « quelques actes d'expertises à accomplir ». Puis, un brin menaçante : « Nous disposerons alors des matériaux nécessaires pour tout savoir ! ». Le message est expédié avec tact, poursuit Benchikou qui conseille aux généraux algériens de bien le soupeser. Et ce journaliste de poursuivre plus loin qu'Il y a toujours une affaire Tibhirine qui traîne quelque part… Bouteflika ne l'a jamais oublié. Ses quinze années à la tête du pays auront été quinze années de chantage permanent au jugement international, redoutable procédé pour mettre hors d'état de nuire la hiérarchie militaire, souligne ce journaliste qui estime que même s'il serait inexact de réduire la politique algérienne à ce procédé, il est incontestable que le recours à l'épouvantail de La Haye fut constant, de l'interpellation du général Nezzar en Suisse à l'affaire du diplomate Hasseni, en passant par l'enquête onusienne sur l'attentat du 11 décembre ou l'assassinat des moines de Tibhirine. Aujourd'hui, 17 ans on sait où a conduit le « combat de Bouteflika inspiré de celui de l'Espagne contre la dictature » : les « forces conservatrices et corrompues » sont dans le cœur du pouvoir, les généraux de la lutte antiterroriste en prison, Mme Taubira lance des avertissements à ceux qui ne sont pas encore incarcérés et Mme. Toumi, réduite à signer des pétitions pour se faire recevoir à la présidence de la République, se demande comment on en est arrivé là, conclut l'auteur de la chronique.