Dans une sortie télévisée, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, a laissé entendre que l'enlèvement et l'assassinat des moines de Tibhirine est l'œuvre des services secrets algériens. Abdelaziz Bouetflika ne ménage plus l'armée de son pays. Après avoir déclaré à la télévision de son pays qu'il avait fait éviter à l'institution militaire d'être jugée devant le Tribunal pénal international (TPI), le voilà qui se fend d'une autre insinuation non moins grave sur la chaîne française LCI. Interrogé sur l'affaire des sept fameux moines de Tibhirine assassinés en mars 1996 à Médéa, le président-candidat s'est laissé aller à cette phrase qui en dit long : “ toute vérité n'est pas bonne à dire à chaud“. Ainsi, M. Bouteflika contredit-il, par un style allusif insidieux, la thèse officielle qui attribue ces meurtres aux intégristes des GIA. Ce faisant, il conforte dans leurs soupçons les familles des victimes qui ont saisi en février dernier la justice française pour faire la lumière sur cette scabreuse affaire. Les plaignants croient que les services de sécurité algériens sont impliqués dans la liquidation de leurs proches. C'est aussi ce que pense un ancien lieutenant de l'armée algérienne allant jusqu'à l'écrire dans un article publié par le quotidien français “Libération” dans son édition du 24 décembre 2002. Au moment où ce dossier est considéré sujet à caution, le chef de l'État, Abdelaziz Bouteflika, entre en lice pour laisser entendre que la vérité est à chercher au-delà de la version officielle du gouvernement algérien.“ le président-candidat aurait pu se contenter de renvoyer son interlocuteur aux déclarations des autorités algériennes à l'époque, au lieu de laisser entendre que l'affaire des moines n'a pas révélé tous ses secrets, écrit le journal algérien “Le Matin”. Abdelaziz Bouteflika est décidé à en découdre avec l'armée, celle qui en a fait président lors de l'élection présidentielle de 1999. Le président sortant semble avoir choisi de mener campagne contre l'institution militaire qu'il diabolise à l'excès pour s'attirer la sympathie du peuple électeur. Les observateurs locaux et étrangers suivent avec intérêt ce bras de fer qui ressemble au pot de terre contre le pot de fer. En attendant l'issue finale de cette confrontation ouverte, l'Algérie bat au rythme d'une campagne animée où les chances des différents candidats ne sont pas encore claires quoique le duel se passe entre le président sortant et son premier ministre Ali Benfils. Celui-ci semble avoir les faveurs de la presse locale contre son adversaire coriace. Ainsi, les journaux algériens accusent Bouteflika d'avoir mis en place une bande de fiers à bras chargés de perturber le déroulement de la campagne de M. Benflis. C'est ce qui s'est passé à Relizane où ce dernier et son équipe furent violemment pris à partie par un groupe de gens soupçonnés d'être à la solde de Bouteflika. Dans chacun de ses meetings, Benflis promet le changement à la population. Une population qui souffre du chômage et de la précarité malgré la manne fabuleuse de l'or noir.