Mohamed Ziane, avocat de Taoufik Bouachrine, vient de se retirer de la défense de l'accusé. Information que nous confirme Maître El Haini, avocat de la défense des victimes de Bouachrine. Interrogé sur les raisons qui auraient motivé cette démission de Ziane, Maître El Haini répond que « la personne la plus apte à donner les causes de cette démission reste Maître Ziane lui même ». Cependant, deux hypothèses peuvent être considérées. La première est « le manque de communication entre Bouachrine et sa défense » ce qui n'étonne aucunement Maître El Haini. En effet, « la défense de Bouachrine souffre d'un manque de communication et de coordination en ce qui concerne la prise de décisions. Preuve en est, lors du dernier procès, Maître Ziane avait présenté une requête de liberté provisoire pour Bouachrine, ce dernier avait vivement protesté parce qu'il avait demandé une requête contre la détention arbitraire, puisqu'une demande de liberté provisoire confirme implicitement la légitimité de la détention », confie Maître El Haini. La deuxième hypothèse serait l'autoritarisme de Maître Ziane, qui « veut mener le procès selon ses propres termes », chose qui n'aurait pas plu aux autres avocats de la défense de l'accusé, selon Maître El Haini. Maître El Haini affirme également que la défense de Bouachrine se porte de plus en plus mal, « la défense s'émiette, beaucoup des avocats de l'accusé n'assistent même plus aux procès. Des 10 avocats qui étaient régulièrement présents, il n'y en a plus que 4 qui viennent au tribunal. » « Cette démission n'aura aucun impact sur le procès de toute manière. Nous [La défense des victimes] ne sommes pas concernés par cette démission, nous continuerons à faire notre travail », conclut Maître El Haini. La raison qu'aurait avancée Maître Ziane au site d'information arabophone « Al Hayat al Yaoumia » corrobore l'explication de Maître El Haini. En effet Ziane justifie son retrait, par le non respect de l'avis du Groupe de travail sur les détentions arbitraires. Rappelons que cet avis consultatif a été rapidement suivi en juin dernier d'une réponse officielle par le GTDA aux victimes d'abus sexuels de Bouachrine, dans laquelle le Groupe s'est dit compatir à la douleur des victimes. Dans cette lettre officielle, le Groupe s'est également dit vouloir s'assurer que l'avis rendu en faveur de M. Bouachrine pour une libération immédiate, ne soit pas un frein à la procédure idoine pour les allégations qui sont portées à son encontre. Et ce, en insistant sur sa confiance en la justice marocaine exerçant sa compétence en la matière, dans le respect des droits de chacun. Ainsi la raison de Maître Ziane qui occulte la lettre officielle du GTDA après son avis, purement consultatif et qui remonte à quelques mois, semble en cacher une ou plusieurs autres. D'autant que le GTDA avait réitéré qu'il « n'a aucun contrôle sur l'interprétation de son avis 85/2018, que cette interprétation soit le fait des individus ou de l'Etat lui-même ».