Un point de presse du comité des défenseurs des victimes de Taoufik Bouachrine s'est tenu aujourd'hui, au Barreau de Casablanca. Les avocats du comité ont saisi cette occasion pour condamner le silence du gouvernement, l'appui déguisé de Mustapha Ramid à Bouachrine et ont rendu compte des dernières actualités des procès. Pour le comité de défense, la réponse de l'organisme onusien, le Groupe de Travail contre les Détentions Arbitraires (GTDA), est une « victoire de la vérité ». Les deux nouveautés de cette affaires ont été annoncées en début de séance : l'adhésion de nouveaux mouvements féminins et des projets d'initiation d'un dialogue avec les partis politiques pour « voir qui défend la vérité » selon les mots de Maitre Zahrach, avocat parmi les membres du comité. Ce dernier n'a pas manqué de condamner de concert avec l'avocate Meryem Jamal Al Idrissi, le silence du gouvernement qu'il qualifie d' « horrible » ainsi que l'une des sorties médiatiques d'El Mostafa Ramid, ministre délégué chargé des Droits de l'Homme. Lors de la déclaration en question, Ramid avait cité l'affaire de Bouachrine et l'avis consultatif émis par le Groupe de Travail contre les Détentions Arbitraires (GTDA) en spécifiant que sur 295 dossiers exposés au GTDA, seulement 94 avaient été validés et 4 d'entre eux avaient bénéficié d'un avis favorable, dont le dossier de Taoufik Bouachrine. Une vaine tentative de rendre crédible la cause de ce dernier aux yeux de l'opinion publique, que le comité voit clairement comme un soutien du ministre, mais aussi du PJD, à Taoufik Bouachrine. S'ensuivit la prise de parole de Mohamed Houssaini Kerrot dans laquelle il a réitéré la condamnation par le comité du silence du gouvernement, mais aussi du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) : « Le CNDH a rendu visite à Taoufik Bouachrine, il lui a même fourni des stylos, des feuilles, des produits de rasage, ce qui bien sûr relève de ses fonctions. Mais en même temps, le CNDH ne s'est jamais tourné vers les victimes. » Des victimes doublement, selon maître Meryem Jamal, puisqu' »elles ne sont pas seulement victimes d'un des crimes les plus odieux contre l'être humain, mais aussi celles d'une société patriarcale, pour qui la victime de crimes sexuels est une coupable ». De son côté, Aicha El Gelaâ a précisé que »beaucoup d'acteurs dans cette affaire ont ignoré la présence des victimes, alors que normalement, dans les crimes de trafic d'êtres humains, la priorité devrait justement être donnée aux victimes », ajoutant que « malgré les questions : pourquoi n'ont-elles pas refusé? Pourquoi n'ont-elles pas démissionné? Elles restent des victimes ! » Maitre Zahrach, quant à lui, n'a pas manqué de pointer du doigt certaines associations féminines dont il s'est gardé de citer le nom, pour avoir pris de la distance avec cette affaire, « tout comme le syndicat de presse, j'ajouterai, qui lorsqu'un de ses confrères a été impliqué a préféré ne pas s'exprimer ». Cette conférence, tenue après la réponse du GTDA aux victimes, a également été l'occasion d'éclaircir plusieurs aspects juridiques du procès, mais surtout, pour les avocats, d'insister sur la confiance que cette instance onusienne a voué au système juridique marocain.