Bien qu'on ne peut pas considérer ipso facto qu'il s'agit d'un procès politique au vu des chefs d'accusation retenu contre Taoufik Bouachrine, tous sans rapport avec son métier de journaliste, mais il s'agit bien d'un procès à relent politique. La preuve en est les plaidoiries des avocats des parties civiles qui ont tous réservé, lors de l'audience du mercredi 18 avril, une bonne partie de leurs interventions pour répondre au communiqué de l'avocate française de l'accusé, Rachelle Lindon. Pour rappel, Me Lindon inscrit au barreau de Paris, a publié lundi 16 avril, une missive dans laquelle elle a critiqué les conditions dans lesquelles se déroule le procès de son client le directeur de publication du quotidien Akhbar Al Yaoum. L'avocate française a fustigé d'une manière acerbe le fonctionnement de la justice nationale. Après avoir assisté à deux audiences du procès (11 et 12 avril), elle a affirmé avoir constaté des «violations flagrantes des droits fondamentaux de son client» sans lesquels «le procès ne peut pas être considéré comme équitable». Dans ce qui a été qualifié par les avocats des «plaignantes et témoins» de «réquisitoire», l'avocate de Bouachrine s'est indigné contre « les graves manquements enregistrés depuis l'arrestation de Bouachrine, notamment, la violation des droits de défense (...)». Et d'aller plus loin en concluant qu'un Etat qui se veut moderne doit veiller sur un fonctionnement sain de ses organes juridiques». Des propos qui n'ont pas plu au procureur général et aux avocats des présumées victimes à l'image de Me Jaouad Benjelloun Touimi qui a indiqué que le Maroc a instauré l'indépendance de la justice et n'a pas besoin de qui que ce soit pour venir lui donner des leçons». Me Benjelloun Touimi qui s'exprimait dans le cadre du droit de réponse des parties civiles suite au soulèvement des vices de forme par les avocats de l'accusé, a estimé que «les victimes devraient être les premières à chercher la protection internationale parce qu'elles sont la partie faible de ce procès». «Or, nous ne demandons pas que la compassion, nous volons l'application de la loi». Répondant au soulèvement d'un vice de forme relatif à l'absence de flagrant délit ou de flagrance par la défense de l'accusé, il a estimé «qu'il y a une flagrance scientifique et que le concept de «flagrance» s'étire dans le temps et dans l'espace dans le cadre de l'interprétation de l'article 56 du code de la procédure pénale». Pour sa part, Me Meryem Jamal El Idrissi, s'est attardé sur «la polémique autour du procès équitable» et a sollicité du juge une audience à huis clos dans le cadre de l'article 302. Me Abdelfattah Zahrach a, quant à lui, considéré dans le cadre de sa réplique à l'avocate française que «les procédures étaient conformes et l'accusé a bénéficié de droit dont personne n'a bénéficié avant lui». «Moi, je n'accepte pas que quelqu'un vienne de l'étranger me dire ce qu'il faut faire», a-t-il dit faisant en s'adressant aux avocats de la partie adverse. «Comment cela pourrait se faire? Une dame qui vient de Paris nous menacer par l'internationalisation de l'affaire?», s'est-il exclamé. Me Mohammed El Haini, a dans sa première plaidoirie devant un juge lui qui était de l'autre côté du banc avant sa révocation, a présenté 12 répliques détaillées aux demandes de la défense de l'accusé. Avant de s'attaquer au cas de l'avocat de Amal Houari, Me Ishaq Charia, qui se trouve avocat de la présumée victime et qui ne s'attaque pas pour autant à l'accusé!