La décision gouvernementale relative aux prélèvements sur les salaires des grévistes déclenche la colère des syndicats. Pour protester contre l'application de cette décision jugée «abusive» et «injuste», les syndicats du secteur de la santé affiliés à l'UGTM, la CDT, la FDT et l'UNTM ont décrété un sit-in national le jeudi 5 décembre devant les délégations du ministère de la santé. «La grève est un droit légitime. En l'absence d'un dialogue avec le gouvernement, elle constitue le seul moyen pour nous de revendiquer une amélioration de nos conditions matérielles et professionnelles. Au lieu de défalquer les journées de grève sur les salaires des fonctionnaires de l'Etat et des collectivités locales, le gouvernement devrait plutôt respecter la liberté syndicale et donner suite à nos revendications», affirme Dr Mostafa Chanaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé, affilié à la CDT. Ce dernier ne cache pas que des retenues sur les salaires de milliers de fonctionnaires (justice, santé, collectivités locales) ont déjà été opérées. Les quatre syndicats appellent à un retrait immédiat de la décision gouvernementale et à restituer les sommes d'argent retenues sur les salaires des grévistes. Ces derniers n'entendent pas baisser les bras et sont prêts à aller jusqu'au bout. «Si le gouvernement ne donne pas une suite favorable à nos requêtes, nous allons examiner d'autres moyens de protestation», déclare-t-il. La bataille s'annonce dure. Le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, est catégorique et n'entend pas céder en appliquant cette mesure de manière systématique. Du côté du ministère de la santé, c'est le silence radio. Contacté à plusieurs reprises par ALM, le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi est resté injoignable. Dans un communiqué conjoint, les syndicats dénoncent les violences exercées sur les grévistes par les autorités. «Des grévistes ont été violentés mercredi dernier devant le siège du ministère de la santé. Il s'agit d'un acte condamnable», affirme Dr Chanaoui. L'autre point de discorde porte sur l'accord du 5 juillet 2011. Les syndicats reprochent au ministre de la santé son attitude et le fait qu'il continue à faire la sourde oreille à l'application des dispositions de cet accord. Les syndicats revendiquent la non-exécution complète et le non-respect des dispositions afférentes à l'accord. «Près d'un an et demi après sa signature, seulement 25% de nos revendications ont été satisfaites», déplore Dr Chanaoui. Rappelons qu'une réunion avait été tenue en octobre dernier pour présenter le bilan de l'activation de cet accord. Ce bilan comprend entre autres la rémunération du rendement, de la garde et de la permanence, l'activation de la rémunération de la responsabilité, la motivation du médecin chef et l'infirmier chef exerçant dans les centres de santé et le personnel travaillant dans les unités de santé mobiles.