«Nous exigeons la libération de ces deux jeunes infirmières et la poursuite de l'enquête dans cette affaire. Nous poursuivrons les grèves tant qu'elles ne seront pas mises en liberté». Nouvelle grève dans le secteur de la santé. Un débrayage national de 24 heures aura lieu le jeudi 17 mai à l'appel des syndicats du secteur de la santé affiliés à l'UGTM, la CDT, la FDT et l'UNTM. Parallèlement, une grève continue débutera ce mardi 15 mai au niveau de toutes les structures de santé de Mohammedia à l'exception des services d'urgences. Ce mouvement de grève a été décrété par les quatre centrales syndicales en guise de protestation contre l'incarcération récemment de deux infirmières qui exerçaient à la maison d'accouchement de Aïn Harrouda. «Nous exigeons la libération de ces deux jeunes infirmières et la poursuite de l'enquête dans cette affaire. Nous poursuivrons les grèves tant qu'elles ne seront pas mises en liberté», affirme Dr Mostafa Chanaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé affilié à la CDT. L'affaire a éclaté suite à une falsification d'identité. «La première femme qui a accouché, une mère célibataire a usurpé l'identité de sa sœur pour ne pas avoir de problème. Elle était accompagnée du mari de sa sœur et a donné le nom de sa sœur lors de l'inscription au registre des admissions. Après l'accouchement, elle est allée inscrire son enfant sur le registre d'état civil en donnant le nom de sa sœur. Quatre mois plus tard, sa sœur mariée accouche d'un enfant dans la même structure et inscrit son enfant sur le registre de l'état civil. Le fonctionnaire de l'état civil découvre alors à deux reprises la même identité de la mère qui a accouché. Ce qui l'interpelle. Comment une femme aurait pu accoucher deux fois de suite à un intervalle de 4 mois. Après vérification, les médecins et infirmiers ont effectivement découvert que le même nom avait été répété», raconte Dr Chanaoui. Le personnel de santé de la maison d'accouchement a alors avisé le délégué du ministère de la santé et la gendarmerie. «Après les investigations, ils ont découvert que les deux sœurs avaient tout manigancé dès le départ. La mère célibataire qui a accouché était en fait une prostituée ayant des antécédents judiciaires notamment pour vente illégale d'alcool. Le mari de sa sœur avait déjà été poursuivi pour trafic de drogue», précise-t-il. Dans cette affaire, les syndicats reprochent au juge d'instruction le fait d'avoir pris en considération les propos des deux sœurs qui ont confirmé que les deux infirmières avaient été corrompues. «Vu leurs antécédents avec la justice, leurs propos ne sont pas crédibles. D'autant plus que les deux infirmières mises en cause avaient revendiqué dès le départ l'ouverture d'une enquête», souligne Dr Chanaoui. A l'heure actuelle, les deux sœurs, le mari et les deux infirmières enceintes sont derrière les barreaux. La réaction du ministère de la santé dans cette affaire se fait attendre. Contacté à plusieurs reprises par ALM, le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, est resté injoignable. Cette affaire remet sur le devant de la scène la question de la protection du personnel de santé lors de l'exercice de ses fonctions. Rappelons que les quatre centrales syndicales contestent la multiplication des jugements récents rendus à l'encontre des fonctionnaires de la santé notamment à Oujda, Safi, Errachidia, Béni Mellal, Asilah, Casablanca… Des jugements jugés «démesurés» et «injustes» pour les syndicats.