«Nous avons constaté que les poursuites et les jugements à l'encontre du personnel de santé se sont multipliés ces derniers temps. Nouveau débrayage dans le secteur de la santé publique. Une grève nationale de 24 heures a été observée hier suite à l'appel des syndicats du secteur de la santé affiliés à l'UGTM, la CDT, la FDT et l'UNTM. «Ce débrayage a été suivi massivement au niveau des hôpitaux et des centres de santé du Royaume tous services confondus, à l'exception des services urgences et soins intensifs et de réanimation», affirme Dr Mostafa Chanaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé affilié à la CDT tout en soulignant que «les structures hospitalières publiques de Ouarzazate sont en grève depuis lundi». Ce mouvement de grève a été décrété par les quatre centrales syndicales en guise de protestation contre les jugements récents rendus à l'encontre des fonctionnaires de la santé. «Nous avons constaté que les poursuites et les jugements à l'encontre du personnel de santé se sont multipliés ces derniers temps. Nous contestons les jugements prononcés à l'encontre des infirmières Fatima Darak et Fatima Ouhssayen de la maternité de Ouarzazate. Ces jugements sont démesurés et très loin de la réalité», déclare Dr Chanaoui. S'agissant du premier cas, l'infirmière a été condamnée à une peine de 5 mois de prison et une lourde amende. «L'intéressée avait provoqué un accouchement ayant occasionné une paralysie obstétricale du plexus brachial qui est pourtant une pathologie néonatale courante. Le mari a alors porté plainte. Et le plus alarmant c'est qu'une expertise médicale a été réalisée par 3 médecins ne comprenant rien ni en pédiatre ni en gynécologue», note-t-il. La seconde infirmière a été condamnée à 4 mois de prison ferme et une amende de 50 millions de centimes. Ces deux cas sont loin d'être les seuls. Selon les syndicats, de nombreux jugements ont été prononcés, notamment à Oujda, Safi, Errachidia, Béni Mellal, Asilah, Casablanca… «Nous dénonçons ces jugements à l'encontre des employés de la santé qui suent jour et nuit, dans des conditions inconfortables, et s'exposent à des dangers du fait de l'insuffisance de ressources humaines et des équipements», lit-on dans le communiqué. Dr Chanaoui pointe du doigt l'échec du système de santé. A commencer par le budget dérisoire accordé à la santé qui est en dessous des standards internationaux. Il n'est pas inutile de rappeler que l'OMS fixe à 10% le budget alloué à la santé. A ceci s'ajoute le manque crucial du personnel de santé. «Le Maroc compte 46.000 fonctionnaires dont 10.000 médecins et 26.000 infirmiers pour une population de 33 millions d'habitants. Pire encore, on estime entre 400 et 500 le nombre de gynécologues pour tout le pays. Ce qui montre qu'il n'y a pas de politique de formation. Pour ce qui est des postes budgétaires, 2.000 nouveaux postes sont créés chaque année alors que 1.000 personnes sortent en retraite annuellement. Comment voulez-vous travailler dans ces conditions?», déplore Dr Chanaoui. Parmi les autres revendications figure la protection des fonctionnaires de l'Etat lors de l'exercice de leur fonction. Les syndicats appellent à une révision des statuts de la fonction publique qui sont devenus caducs. Par ailleurs, le secrétaire général du Syndicat national de la santé affilié à la CDT déplore l'absence de juridictions spécialisées dans le domaine médical. Ce dernier déplore le silence radio du ministère de la santé. «Tant que le département de la santé n'aura pas répondu favorablement à nos revendications, nous poursuivrons les grèves», conclut Dr Chanaoui.