De juin à septembre, la situation financière n'a que modérément évolué, a estimé le gouverneur de Bank Al-Maghrib au cours de la traditionnelle conférence de presse qui suit la réunion trimestrielle du Conseil de l'institution. Abdellatif Jouahri qui a de nouveau loué la capacité de résilience de l'économie nationale qui, selon lui, reste l'une des moins pénalisées par la récession mondiale dans la région MENA a pris prétexte de cette continuité pour déclarer que le taux directeur est inchangé, à 3%. Cependant, la mesure la plus significative arrêtée par le Conseil est la réduction de 2 points de la réserve monétaire dont le taux a été ramené à 4% à compter d'hier 26 septembre. Le gouverneur de la banque centrale a déclaré que cette décision va mettre à la disposition du système bancaire quelque 7 milliards de dirhams de plus à un moment où ses besoins en liquidités vont croissant. Interrogé au sujet de l'envolée des importantes avances octroyées aux établissements de crédit, il s'est refusé à y voir des visées spéculatives, affirmant que le contrôle exercé sur les recettes et les emplois des institutions financières est trop strict pour que cette éventualité ne se présente jamais. Le nouveau rapport du Conseil note en particulier que «la prévision de la croissance pour l'année 2012 est maintenue à moins de 3%, en relation notamment avec la matérialisation des risques liés à l'activité des principaux partenaires et à la campagne agricole». Cette même campagne agricole dont la qualité déterminera pour une grande part le niveau de croissance en 2013 que le gouverneur situe entre 4 et 5% pour peu que la moisson soit moyenne (70 millions de quintaux). Mais, a-t-il fait remarquer, le comportement des secteurs non-agricoles est susceptible de jouer les amortisseurs, voire de sensiblement tirer la croissance vers le haut même en cas de nouvelle contre-performance de la céréaliculture. Au plan financier, le rapport relève que «l'analyse des conditions monétaires à fin juillet 2012 fait ressortir une stabilité du rythme de croissance annuel de la masse monétaire à 4,9%». Les experts de BAM considèrent, en outre, que le crédit bancaire s'est comporté de manière analogue à celle du trimestre précédent et que celui qui a été consacré à l'habitat a joué la locomotive pour sa partie accordée au secteur privé non financier. Ils ont estimé qu'en annuel la croissance du crédit bancaire devrait se situer autour de 8%, un niveau proche de son rythme de long terme et qui en maintenant l'écart monétaire dans le négatif abolit les tensions inflationnistes. De fait, dit le rapport du Conseil de BAM, la prévision centrale de l'inflation est en ligne avec l'objectif de stabilité des prix. Ce qui donne à penser qu'à la fin de l'année 2013, l'inflation devrait tourner autour de 1,4% et s'établir aux environs de 2% en moyenne, niveau qui devrait être également celui de l'inflation sous-jacente. Le gouverneur a défini cette dernière comme étant celle qui a été corrigée des fluctuations des prix des produits volatils. Cependant, en dépit de ces prévisions clémentes, le déficit budgétaire, le solde du commerce extérieur et la situation de la balance des paiements imposent un état de vigilance permanent, a conclu Abdellatif Jouahri.