Le contexte international devient progressivement plus pesant sur la croissance du pays, les projections de croissance sont revues à la baisse tandis que celles d'inflation sont maintenues et conformes à l'objectif de stabilité des prix. Toutefois, le taux directeur demeure inchangé et se stabilise donc à 3,25%. Tant de données ont été révélées par le conseil trimestriel de Bank Al Maghrib qui a fait état d'une analyse de la situation macroéconomique de nos partenaires d'une part et de ses répercussions sur l'évolution de la situation économique, monétaire et financière ainsi que les prévisions d'inflation, d'autre part. Abdellatif Jouahri, gouverneur de BAM, n'a pas manqué de rappeler que « la situation sur le plan extérieur se dégrade de plus en plus comme l'attestent les prévisions à la baisse des perspectives de croissance dans les pays développés et son ralentissement au niveau des pays émergents ». En effet, bien que les taux de chômage se situent toujours à des niveaux avoisinant 8 à 10%, des perturbations touchent récemment aussi bien le marché du crédit que le marché interbancaire. Par ailleurs, le sommet européen tenu les 8 et 9 décembre derniers a fait état d'un constat désolant, à savoir l'incapacité des pays membres à trouver une solution concrète à la crise européenne. La politique d'austérité est toujours d'actualité, et celle-ci commence à montrer ses limites dans le sens où « lutter en utilisant l'austérité d'une manière importante luttera contre la croissance » se désole le gouverneur. Dette souveraine : le Maroc loin du drame Si la Belgique, pays jusque là non touché par une dégradation, a vu sa note souveraine se dégrader en raison, entre autres, du sauvetage de la banque Dexia, le Maroc, quant à lui, reste loin de vivre un même sénario. Rassurant, Jouahri a déclaré que BAM ne porte pas de dette souveraine au niveau du placement de ses réserves de change. «Nous n'allons pas placer dans des produits qui risquent de nous faire perdre notre capital» argue le gouverneur de BAM. Il a également insisté sur le fait que trois critères essentiels de placement sont retenus, à savoir la sécurité du capital, la liquidité et le rendement. Bien qu'à fin novembre, la majorité des indicateurs des comptes extérieurs se positionnent sur le vert, des signes de ralentissement commencent à faire surface, conséquence directe des difficultés que connaissent nos partenaires commerciaux. « On commence à ressentir les répercussions de la situation de nos partenaires non seulement au niveau des principaux secteurs non agricoles, mais aussi au niveau des autres composantes de la balance des paiements ». Ceci dit, pour ce qui est du secteur bancaire essentiellement, le drame est exclu. Les filiales marocaines répondent favorablement à la stratégie de développement suivie par les banques étrangères. A ce sujet, Jouahri apaise les esprits : « Toutes les banques européennes ont réitéré leur souhait de garder leurs filiales au Maroc que ce soit la Société Générale, le Crédit Agricole France ou BNP Paribas ». Pas de changement au niveau du taux directeur Par ailleurs, au terme des onze mois de l'année en cours, la balance commerciale a dégagé un déficit de 166,5 Mds de DH en hausse de 24% par rapport à la même période de l'année précédente. Les exportations se sont améliorées de 15,4% à 154 Mds de DH, évolution moins rapide que celle des importations qui elles, ont augmenté de 19,7% à 321 Mds de DH. Comme à l'accoutumée, ce sont les phosphates qui ont contribué fortement à cette hausse. Cette dernière s'est hissée à 36% (11,3 Mds de DH) pour les phosphates et à 35,7% (32,8 Mds de DH) pour les produits dérivés. L'élévation du niveau des importations est due conjointement à la hausse de la facture énergétique de 34% et des produits alimentaires de 28%. Dans ce contexte, la croissance pour l'ensemble de l'année courante a été revue à la baisse que ce soit pour le PIB global ou pour le secteur agricole, se situant entre 4% et 5% au lieu de 4,5% et 5,5% précédemment. Ceci reste imputable au recul de la demande étrangère adressée au Maroc en raison du fléchissement du rythme de croissance des pays partenaires. Pour sa part, la masse monétaire s'est élevée à 5,3% au lieu de 5,1% au troisième trimestre liée essentiellement à l'augmentation continue des créances nettes sur l'administration centrale, une légère décélération du rythme d'accroissement des créances sur l'économie et un repli des avoirs extérieurs nets. D'un autre côté, en dépit des demandes de liquidités grandissantes des banques de la place, Jouahri déclare que le taux directeur demeure inchangé à son niveau du trimestre précédent, à savoir 3,25%. A noter que le taux moyen pondéré sur le marché interbancaire se situe à 3,30%. Suite à cela, les évolutions récentes des conditions monétaires et des prix des actifs laissent apparaître une absence totale de tensions sur la stabilité des prix ou de pressions inflationnistes à moyen terme. A cet effet, les prévisions de l'inflation établies par Bank Al Maghrib devraient rester en ligne avec l'objectif de stabilité des prix et se situer autour de 1% à la fin de cette année, 1,5% en 2012 et 2013. Aussi, au terme de l'horizon de prévisions, soit le premier semestre 2013, l'inflation devrait s'établir à 2,1%. Jouahri rassure « Même au vu de la dégradation de la conjoncture internationale, les facteurs de risque ont été revus à la baisse et ce, en retenant les hypothèses de non révision de la masse salariale, encore moins du prix à la pompe ». ENCADRE Jouahri : «Le CFC avance valablement» L'offre immobilière est entièrement finalisée et la première tranche qui concerne 230.000 m2 est bouclée en faveur de certaines banques de la place et des partenaires étrangers. En 2012, le Moroccan Financial Board compte se déplacer en Afrique pour piloter une prise de contact avec les pays africains des deux unions, notamment le Gabon et le Sénégal. La formation constitue, par ailleurs, un chantier à prendre en compte. Dans ce cadre, le MFB a conclu un accord avec des universités dont Al Akhawayn. Par ailleurs, la connectivité du CFC au monde est primordiale et suite à l'accord d'entente conclu avec Singapour, un autre sera conclu en 2012 avec Luxembourg.