Le contexte international, bien qu'inquiétant, ne modifie en rien les projections d'inflation de BAM qui sont toujours en ligne avec les prévisions. Maintien du taux directeur à 3,25% et mise en place, pour la première fois, des avances sur 3 mois. Le pays parvient à tirer son épingle du jeu malgré le contexte international défavorable. C'est ce qui ressort du rapport sur la politique monétaire présenté par le gouverneur de BAM au sein de son nouveau siège. En effet, la conjoncture internationale est de plus en plus perturbée à tous les niveaux. Sur le plan macroéconomique, les pays développés, notamment les USA et l'Europe, connaissent un ralentissement de l'activité sans précédent, amplifié par des problèmes de dettes souveraines. En août dernier, les Etats-Unis allaient déclarer l'Etat en cessation de paiement à cause d'antinomie de programmes politiques entre républicains et démocrates. Le taux de chômage a atteint un niveau de 10% en moyenne; s'en est suivi, contrairement à toute attente, une dégradation de la note américaine par l'agence Standard and Poor's. Récemment, l'Italie a été également dégradée. Même les pays émergents qui connaissaient un taux de croissance satisfaisant enregistrent désormais une décélération de leurs indicateurs économiques et financiers. La situation au niveau mondial est pour le moins inquiétante. La grande question que se posent l'ensemble des gouverneurs des pays est relative à la viabilité de l'Euro. «Nous sommes devant un tableau terriblement lourd, perturbé et incertain», a déclaré Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib. Contexte national rassurant… jusqu'à quel point ? Conformément aux hypothèses préétablies du rapport précédent sur la politique monétaire, l'économie marocaine évolue positivement au cours de l'année 2011, tirée principalement par la demande intérieure. Le taux de croissance du PIB national devrait se situer à fin 2011 entre 4,5 et 5,5%. Ceci laisse présager la poursuite du rythme d'évolution de la valeur ajoutée des activités non agricoles dans une fourchette comprise, tout comme la croissance globale, entre 4,5 et 5,5%. Un regard plus profond sur les différents indicateurs d'activité du pays s'impose. Au terme des huit premiers mois de l'année en cours, les exportations ont affiché une hausse de 18,8% à 112,8 Mds de DH par rapport à la même période de l'année précédente, portées par les expéditions de phosphates (+33%). Heureusement que l'or blanc nous sauve. Les importations, quant à elles, toujours plombées par les matières premières énergétiques et alimentaires, se sont accrues de 20,7% à 235 Mds de DH. Dans ce cadre, la facture énergétique s'est chiffrée à 60,4 Mds de DH, en progression de 40,6%. Somme toute, la balance commerciale a dégagé sur la même base comparable un déficit de 122 Mds de DH, portant le taux de couverture à 48%. Ce dernier serait fixé à la fin de l'année entre 5 et 5,3% du PIB. Les réserves de change, principal baromètre de l'épargne en devises du pays, baissent de manière moins importante que ce qui a été prévu initialement. Elles sont est actuellement inférieures à 6 mois d'importations. Aussi, malgré le ralentissement de l'activité des principaux pays émetteurs, les recettes voyages et les transferts MRE ont progressé de 6,4% et 7,7% respectivement. A contrario, le marché du travail connaît quelques troubles où le taux de chômage national a augmenté de 0,5% comparativement à la même période de l'année 2010 pour se situer à 8,7%. «Les chiffres sont satisfaisants, mais la crainte persiste avec le contexte régional et international». Tel est le constat de Jouahri. Ceci dit, «à partir du mois d'octobre, nous nous attendons à des prémices de reprise plus intéressantes», rassure-t-il. D'un point de vue monétaire, on assiste à un repli de la cadence de la distribution des crédits et de l'agrégat monétaire général M3 avec, toutefois, une contribution plus importante des créances sur l'économie à l'accroissement de la masse monétaire, comparativement aux autres contreparties. Après une quasi-stagnation autour de 4,2% pendant les deux premiers trimestres, l'agrégat M3 a connu une légère accélération pour atteindre à fin juillet 4,7%. Parallèlement, le taux de croissance du crédit bancaire s'est établi à 7,1% en juillet, contre 6,5% au deuxième semestre. Sur cette base et en dépit de l'aggravation des besoins de liquidités bancaires (BAM sert en moyenne 30 Mds de DH au titre des avances à 7 jours), le gouverneur annonce «un taux directeur inchangé à 3,25% et qui reste quand même proche du taux interbancaire situé à 3,29%». Face à cette donnée structurelle et permanente, BAM compte lancer des opérations de pension à plus long terme, de 3 mois, à l'image de ce qui se fait en Europe par la BCE. Conjuguant l'ensemble de ces éléments, l'inflation resterait en ligne avec l'objectif de stabilité des prix prévue par la Banque centrale. Elle devrait se situer à 1,3% au lieu de 1,4% pour l'année 2011 et à 2,1% au terme de l'année 2012. A noter que ces prévisions sont faites en tenant compte de l'hypothèse d'une conservation des prix à la pompe et donc d'un maintien du montant de la Caisse de compensation. S'agissant des pays développés, sur la base d'un taux de croissance de cette année de 1,9% pour la zone euro et 1,6% pour les Etats-Unis, la BCE anticipe un taux d'inflation de 2,6% en 2011 et de 1,7% en 2012. Chantiers en cours Bien que le rapport du FMI sur la soutenabilité budgétaire soit positif pour le Maroc, le sujet relatif à la Caisse de compensation demeure problématique. Représentant 4 à 5% du PIB, équivalent à un montant de 45 Mds de DH, l'on s'attend lors de la prochaine Loi de Finances à une reconfiguration visant la diminution du montant et un ciblage des couches sociales qui en ont le plus besoin. Il est temps que la Caisse soit un véritable facteur de distribution des revenus. Par ailleurs, le gouverneur a promis une consolidation du rôle de BAM en matière de supervision bancaire. Dans ce sens, le coefficient de solvabilité de l'ensemble des banques a été porté de 11 à 12% et celles-ci sont en cours de préparation au passage aux normes Bâle III. Aussi, en 2012, BAM se souciera davantage du financement des PME. Elle agira ainsi en concertation avec les banques de la place pour encourager l'investissement de cette catégorie d'entreprises. Parallèlement, la notation du secteur bancaire marocain par l'agence international Standard and Poor's sera amenée à être révisée vers la fin de novembre. La situation est claire. Les indicateurs émettent un signal vert. Le contexte national, bien que plombé par les différents évènements internationaux, maintient l'équilibre. Reste à assurer la pérennité de la tendance positive de l'ensemble de ces agrégats.