■ Le contexte international devient progressivement plus pesant sur la croissance du pays. ■ Les projections de croissance sont revues à la baisse, contrairement à celles de l'inflation qui sont maintenues et conformes à l'objectif de stabilité des prix. Le Conseil de Bank Al-Maghrib tenu trimestriellement en date du 20 décembre dernier, a fait état d'une analyse de la situation macroéconomique de nos partenaires, d'une part et de ses répercussions sur l'évolution de la situation économique, monétaire et financière ainsi que les prévisions d'inflation, d'autre part. A cet effet, Abdellatif Jouahri, gouverneur de BAM, n'a pas manqué de rappeler que «la situation sur le plan extérieur se dégrade de plus en plus, comme l'attestent les prévisions à la baisse des perspectives de croissance dans les pays développés et son ralentissement au niveau des pays émergents». A ce niveau, les taux de chômage se situent toujours à des niveaux avoisinant 8 à 10%, le marché du crédit et le marché interbancaire sont perturbés et, récemment, la Belgique, pays jusque-là préservé, a vu sa note souveraine se dégrader en raison, entre autres, du sauvetage de la banque Dexia. Sur un autre niveau, la tenue du Sommet européen les 8 et 9 décembre a démontré l'incapacité des pays membres à trouver une solution concrète à la crise européenne. La politique d'austérité est toujours d'actualité, mais commence à montrer ses limites dans le sens où «lutter en utilisant l'austérité d'une manière importante, luttera contre la croissance», se désole le gouverneur. Le Maroc patine Bien qu'à fin novembre la majorité des indicateurs des comptes extérieurs se positionne sur le vert, des signes de ralentissement commencent à faire surface, conséquence directe des difficultés que connaissent nos partenaires commerciaux. «On commence à ressentir les répercussions de la situation de nos partenaires non seulement au niveau des principaux secteurs non agricoles, mais aussi à celui des autres composantes de la balance des paiements». Ainsi, au terme des onze mois de l'année en cours, la balance commerciale a dégagé un déficit de 166,5 Mds de DH, en hausse de 24% par rapport à la même période de l'année précédente. Les exportations se sont améliorées de 15,4% à 154 Mds de DH, évolution moins rapide que celle des importations qui, elles, ont augmenté de 19,7% à 321 Mds de DH. Comme à l'accoutumée, ce sont les phosphates qui ont contribué fortement à cette hausse. Cette dernière s'est hissée à 36% (11,3 Mds de DH) pour les phosphates et à 35,7% (32,8 Mds de DH) pour les produits dérivés. L'élévation du niveau des importations est due conjointement à la hausse de la facture énergétique de 34% et des produits alimentaires de 28%. Dans ce contexte, la croissance pour l'ensemble de l'année courante a été revue à la baisse, que ce soit pour le PIB global ou pour le secteur agricole, se situant entre 4% et 5% au lieu de 4,5% et 5,5% précédemment. Ceci reste imputable au recul de la demande étrangère adressée au Maroc en raison du fléchissement du rythme de croissance des pays partenaires. Pour sa part, la masse monétaire s'est élevée à 5,3% au lieu de 5,1% au troisième trimestre liée essentiellement à l'augmentation continue des créances nettes sur l'administration centrale, une légère décélération du rythme d'accroissement des créances sur l'économie et un repli des avoirs extérieurs nets. D'un autre côté, en dépit des demandes de liquidités grandissantes des banques de la place, Jouahri déclare que le taux directeur demeure inchangé à son niveau du trimestre précédent, à savoir 3,25%. A noter que le taux moyen pondéré sur le marché interbancaire se situe à 3,30%. Par conséquent, les évolutions récentes des conditions monétaires et des prix des actifs laissent apparaître une absence totale de tensions sur la stabilité des prix ou de pressions inflationnistes à moyen terme. A cet effet, les prévisions de l'inflation établies par Bank Al-Maghrib devraient rester en ligne avec l'objectif de stabilité des prix et se situer autour de 1% à la fin de cette année, 1,5% en 2012 et 2013. Aussi, au terme de l'horizon de prévisions, soit le premier semestre 2013, l'inflation devrait s'établir à 2,1%. Cependant, Jouahri rassure : «Même au vu de la dégradation de la conjoncture internationale, les facteurs de risque ont été revus à la baisse, et ce en retenant les hypothèses de non révision de la masse salariale, encore moins du prix à la pompe». ■