Jouahri ne s'est pas contenté de parler en sa qualité de gouverneur de BAM au cours de sa conférence de presse de mardi. Bank Al-Maghrib a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011 et 2012 en les situant dans une fourchette de 4 à 5% au lieu des 4,5 et 5,5% avancés initialement, a déclaré le gouverneur de cette institution au cours d'une conférence de presse lors de laquelle il a présenté le rapport du conseil de l'institut qui s'est tenu le même jour en session trimestrielle. La banque centrale, qui a néanmoins estimé que cette situation ne s'inscrit pas dans le long terme, a maintenu son taux directeur au même niveau de 3,25%. Elle a, en outre, considéré que bien que difficile, l'évolution de la situation extérieure, comme celle de la demande intérieure, n'exerce pas de pressions inflationnistes particulières sur les prix qui devraient croître selon un schéma modéré. Cette inflation est restée confinée dans les limites prévues tandis que la sous-jacente qui «reflète la tendance fondamentale des prix tourne autour de 1,5%», note le rapport du conseil de BAM présenté par Abdellatif Jouahri. Selon ce document, le rythme de progression des prix à la production industrielle est demeuré rapide en glissement annuel, en liaison avec le cours élevé des cours des matières premières. Cependant, «…malgré l'évolution des indicateurs des comptes extérieurs à fin novembre qui reste globalement positive, notamment les recettes des transferts des MRE, quelques signes de diffusion des effets de ralentissement de l'activité dans le pays apparaissent, comme en témoigne la décélération graduelle des rythmes de progression des recettes voyages et des exportations hors phosphates et dérivés depuis plusieurs mois». En fait, a estimé Abdellatif Jouahri, ces avatars vont déteindre, et sur la croissance enregistrée cette année, et sur les résultats de 2012. Pour autant, il s'est refusé à prévoir que cet effet pervers s'aggrave au vu des mesures de sauvegarde mises en œuvre en Europe pour limier les effets de la crise. Répondant à une question d'ALM sur la fragilité d'un commerce extérieur basé sur les seules performances des phosphates, le gouverneur de Bank Al-Maghrib a révélé que tel n'est pas le cas car, a-t-il précisé, si les exportations de phosphates ont crû de 30%, d'autres produits industriels dont les textiles ont augmenté de 14% et, a-t-il ajouté, il n'y a pas de raison pour que cela change considérant les stratégies de diversification des marchés et des techniques de commerce adoptées par les uns et les autres. Jouahri a également annoncé que le crédit bancaire devrait se situer dans une fourchette de croissance de 7 à 8%, «soit un niveau proche de son rythme de long terme». Car, a-t-il dit, l'analyse de l'évolution monétaire à fin octobre 2011 fait apparaître des hausses respectives de 5,3 et de 7% de M3 et du crédit après les 5,1 et 7,5% du 3ème trimestre. Au vu de ces données, les prix resteront stables et l'inflation devrait se situer à 1,5% après son 1% de 2011 et un probable 2,1% à l'horizon du 1er trimestre de 2013. «Dans ce contexte caractérisé par une prévision centrale durablement en ligne avec l'objectif de stabilité des prix et une balance des risques orientée à la baisse, en liaison avec les évolutions observées au niveau international, le conseil a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 3,25%», conclut le rapport.