Après une petite trêve estivale, le gouvernement Benkirane devra reprendre du service dans quelques jours. Sauf que la rentrée politique sera cette année un peu particulière. Plusieurs chantiers prioritaires attendent l'Exécutif dans un contexte marqué par une profonde crise économique et financière combinée à une flambée sans précédant des matières premières à l'international. Au niveau national, le système économique et financier montre une certaine résilience certes, mais qui reste tout de même fragile. Le défi sera donc de maintenir un certain équilibre notamment des indicateurs macroéconomiques ou même contenir certains déficits à des niveaux raisonnables en faisant en sorte que la machine reprenne au plus vite avant que le système économique ne cède. C'est pour cette raison que le secteur économique s'imposera dès la rentrée comme la priorité des priorités. La récente lettre de cadrage du chef de gouvernement, en prélude du projet de loi de Finances, a annoncé la couleur. Dans ce sens, les prochaines semaines, ou mois, seront surtout marquées par l'élaboration puis le débat sur le projet de loi de Finances 2013, véritable «star» de cette rentrée. C'est d'ailleurs la première véritable loi de Finances du gouvernement Benkirane. Non seulement le PLF permettra de connaître les mesures fiscales et financières ainsi que les estimations de l'Exécutif de la croissance économique l'année prochaine mais il donnera également plus de visibilité sur l'approche de l'équipe gouvernementale actuelle pour parachever les grandes réformes structurelles. Autrement, la rentrée sera également marquée par le débat sur la réforme de la Caisse de compensation et les caisses de retraite qui vont occuper le devant de la scène publique. Même si le chef de gouvernement a, dès sa prise de fonction, montré une certaine détermination à lancer une véritable réforme notamment de la Caisse de compensation quel que soit le coût politique pour son gouvernement et son parti, la tâche ne sera pas du tout aisée. La dernière hausse des prix de carburant à la pompe a été un premier test réussi dans la mesure où elle n'a pas eu d'effet boomerang notable, mais il convient de se poser des questions sur la capacité du gouvernement à continuer sa réforme avec la même réussite si la subvention du gaz butane, de la farine ou encore du sucre venait à être baissée ou supprimée par exemple. Ceci peut être valable également pour les systèmes de retraite où la marge de manœuvre est limitée en dehors de l'élévation de l'âge de la retraite ou une hausse des cotisations. Les autres chantiers prioritaires de cette rentrée concerneront bien évidemment les secteurs sociaux, notamment le logement, l'emploi, la santé et l'enseignement. Pour ce dernier secteur, des mesures urgentes devraient être prises surtout que ni la première réforme lancée il y a dix ans ni le programme d'urgence ne semblent atteindre les résultats escomptés. Dans les secteurs sociaux, la mission s'annonce très rude surtout que le parti du chef de gouvernement avait levé la barre un peu plus haut lors de la campagne électorale. Enfin, la rentrée devra probablement connaître le démarrage des concertations sur la régionalisation avancée. L'élaboration de ce projet incombera en premier lieu au gouvernement mais il va falloir trouver un juste milieu en associant les autres acteurs politiques. Benkirane saura-t-il trouver ce consensus avec l'opposition ?