Yasser Arafat affirme être en contact «permanent et personnel» avec le président George Bush et le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Dans un entretien exclusif publié jeudi par le quotidien français «L'Humanité», le président de l'Autorité palestinienne a indiqué en réponde à une question relative au fait qu'il n'a toujours pas été reçu à Washington depuis l'élection de M. Bush en janvier 2001 : «ce n'est pas très important, car je suis en contact permanent et personnel avec le président Bush et aussi avec Colin Powell», le secrétaire d'Etat américain. «Vous savez, a-t-il ajouté, le président américain est nouveau. Il a encore à apprendre». Bien que continuant à exercer d'importantes pressions sur Yasser Arafat, George Bush a néanmoins refusé de rompre avec lui, comme le lui demandait le Premier ministre israélien Ariel Sharon lors de sa dernière visite à Washington début février. Sur la très sévère escalade que mène Israël contre le peuple palestinien et contre le processus de paix, M. Arafat fait remarquer aux journalistes que les villes sont assiégées, soulignant la souffrance du peuple palestinien. Et d'évoquer l'assassinat des cadres , les bombardements opérés en de nombreux endroits par les F16 et les hélicoptères Apache, la destruction des infrastructures, la démolition des usines et des maisons. «Tant des nôtres n'ont plus de toit et doivent passer l'hiver sous des tentes !», s'est-il indigné, ajoutant que «les bulldozers israéliens ont détruit la majorité de nos champs et 50 % de nos oliveraies, ce qui veut dire que la pauvreté des nombreuses familles qui en vivaient va encore s'aggraver». Yasser Arafat ajoute que 66 % de la population de Ghaza et 45 % de celle de la Cisjordanie vivent en dessous du seuil de pauvreté et 132.000 travailleurs ont été licenciés et ne peuvent plus venir travailler en Israël. Une situation qu'il qualifie de «véritable désastre économique», en chiffrant les pertes à 7,5 milliards de dollars auxquels il faut ajouter plus d'un milliard de dollars de taxes qu'Israël prélève au passage et dont il doit, selon les accords de Paris, restituer 97% aux Palestiniens, en gardant 3% de commission. Depuis dix-huit mois, Israël refuse d'effectuer ces versements, malgré les pressions internationales. Revenant sur l'arrestation des assassins du ministre d'extrême-droite Zeevi, Yasser Arafat a affirmé que c'est Israël qui les protège, et que les meurtriers « sont des collaborateurs d'Israël». «Ils sont en prison chez nous et ont avoué que tout le clan travaillait bien pour Israël, a-t-il poursuivi, ajoutant : « nous avons rassemblé des témoignages et des preuves que nous avons présentées aux Américains et aux Européens». Et d'ajouter que «c'est la même chose avec l'attentat contre la discothèque de Tel Aviv. Le terroriste a été transporté par un homme venu de Jordanie avec un visa de l'ambassade d'Israël et qui vit sous protection israélienne avec ses fils». Arafat a ajouté qu'il a donné « toutes les preuves» aux Américains et aux Européens. Ces derniers auraient demandé des explications à Israël mais ils n'ont pas eu de réponse. Le dirigeant palestinien a également indiqué qu'il était «d'accord» pour tenir de nouvelles élections dans les territoires palestiniens, comme le proposent les Français qui souhaitent un scrutin sur le thème de la paix afin de réaffirmer la légitimité de m. arafat au moment où elle est plus que contestée par le gouvernement israélien. «Nous n'avons pas d'objections», a répondu M. Arafat, ajoutant : «Nous sommes prêts à recommencer si cela doit nous aider à parvenir à une paix juste».Sur la façon dont il perçoit une issue au conflit, le président palestinien a souligné qu'on devait revenir à «ce qui avait été décidé à Paris, Charm El Cheikh et Taba». «Souvenez-vous de la réunion de Paris, dans le bureau du président Chirac, avec Ehud Barak et Madeleine Albright (l'ancienne secrétaire d'Etat américaine). Nous étions parvenus à un accord. Nous devions le signer mais Barak s'est enfui et il n'est pas venu au rendez-vous de Charm El Cheikh».