Shimon Peres a révélé qu'il avait préparé un accord avec les Palestiniens sur la création rapide d'un Etat palestinien aux «frontières provisoires». Une idée, lancée par Washington, qui ne semble pas progresser. Le chef de la diplomatie israélienne a affirmé qu'il était parvenu la semaine dernière à un accord avec des représentants palestiniens, dont Ahmed Qoreï (Abou Alaa), le président du Parlement, «accord qui n'a pas été approuvé ni rejeté par le gouvernement» israélien, a-t-il dit lors d'une conférence de presse lundi à Sofia. «Nous nous attendions à ce qu'un Etat palestinien démarre dans un délai de huit semaines sans avoir encore de frontières définitives», a-t-il poursuivi, ajoutant que «l'Etat sera provisoire dans ses frontières mais pas en tant qu'Etat». Shimon Peres avait confirmé vendredi avoir renoué récemment ses contacts avec deux hauts responsables palestiniens pour tenter une relance des négociations de paix. Il les avait qualifiées de «contacts préliminaires en vue de sonder les possibilités d'aller de l'avant». Selon un haut responsable palestinien, ces contacts ont eu lieu la semaine dernière. L'idée d'un Etat palestinien «provisoire» ou intérimaire avait été évoquée le 12 juin par le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Mais c'est un concept qui avait été critiqué depuis par Saëb Erekat, le ministre palestinien des collectivités locales, ainsi que par Ahmed Maher, le ministre égyptien des Affaires étrangères. Celui-ci avait, dimanche devant la presse, tourné en dérision cette idée en affirmant qu'il avait «déjà entendu parler de gouvernement intérimaire, d'autres choses intérimaires, mais jamais d'Etat intérimaire». L'idée lancée par Washington d'un Etat palestinien « provisoire » semble ne recevoir que des échos négatifs. Selon des fuites dans la presse, il s'agirait d'offrir une souveraineté limitée aux Palestiniens sur environ 40% de la Cisjordanie et les deux-tiers de la bande de Ghaza. Mais les Palestiniens estiment aberrante au regard du droit international la notion même d' « Etat provisoire», et réclamant en revanche un calendrier précis menant à la naissance d'un Etat permanent. Dimanche, c'est le Premier ministre Ariel Sharon qui en a rejeté le principe, jugeant que la question d'un Etat, même provisoire, ne pourrait être débattue qu'à l'issue du processus de réformes entrepris par l'Autorité palestinienne. Il l'avait expliqué au président George Bush la semaine dernière, et en a rendu compte dimanche à ses ministres. En outre, Ariel Sharon, qui refuse d'avoir à traiter avec Yasser Arafat, a reçu un nouveau soutien américain : le chef de la majorité démocrate du Sénat, Tom Daschle, a estimé que les Palestiniens devaient se trouver un nouveau chef pour accroître les chances de faire la paix. Sur le terrain, un nouvel attentat-suicide a fourni un nouvel argument fourni aux partisans de la clôture électronique de sécurité, qui a commencé à être érigée entre l'Etat hébreu et la Cisjordanie. Un Palestinien s'est fait sauter lundi près d'un village israélien, sans toutefois faire d'autres victimes que lui-même. Cet attentat est intervenu dans un contexte marqué par la vive réaction du président palestinien Yasser Arafat aux jugements négatifs portés par Condoleeza Rice, la conseillère à la sécurité nationale américaine, à l'encontre de l'Autorité palestinienne, à quelques jours de la présentation d'un plan Bush pour la relance du processus de paix. Dans un entretien au quotidien californien «Mercury News», Condoleezza Rice estime qu'un Etat palestinien ne devrait pas s'appuyer sur une autorité «corrompue» et «batifolant avec le terrorisme», placée sous la présidence de Yasser Arafat. Des commentaires qui n'ont pas manqué de faire vivement réagir Yasser Arafat. «Elle n'a pas le droit de nous dicter des ordres sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire», a-t-il répliqué lors d'une visite dans des écoles de Ramallah, en Cisjordanie. «Nous faisons ce que nous estimons être bon pour notre peuple et nous n'acceptons d'ordre de quiconque».