Colin Powell affirme que George Bush est favorable à la création d'un «Etat temporaire» pour les Palestiniens, étape transitoire vers l'établissement de l'Etat de Palestine. La visite de Sharon ne semble pas y être étrangère. Dans une interview publiée mercredi par le quotidien londonien Al-Hayat, le secrétaire le secrétaire d'Etat américain affirme que le président américain «ne s'est pas départi de son objectif». «Mais il sait que pour y parvenir, la création d'un Etat temporaire en tant qu'étape transitoire, et peut-être plusieurs autres mesures, seront nécessaires avant d'atteindre ce but». Et d'ajouter que la création d'un tel Etat a été «envisagée pour que quelque chose puisse exister dans un avenir très proche (...) afin que les Palestiniens puissent y investir leurs espoirs et leurs rêves et que la communauté internationale puisse y placer sa confiance». Selon Colin Powell, l'Etat temporaire nécessite «un pouvoir démocratique, une transparence sans corruption et des organismes de sécurité qui fonctionnent ». Cette étape «nous aidera à développer la confiance nécessaire entre les deux parties pour pouvoir aller de l'avant», a-t-il ajouté. Et comme pour se rattraper il ajoute que George Bush «n'a pas abandonné son objectif qui est l'établissement d'un Etat palestinien, nommé Palestine, et comme il l'a répété : deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité». Le chef de la diplomatie américaine s'est toutefois abstenu de préciser un calendrier pour le passage d'un Etat «temporaire» à un Etat définitif de Palestine. Colin Powell a affirmé que M. Bush n'allait «pas uniquement annoncer sa vision pour un progrès, mais aussi la manière de transformer cette vision en réalité», laissant entendre qu'un « calendrier spécifique » sur les différentes étapes d'un règlement pourrait alors être soumis. Toujours prudent, il ajoute que l'annonce «ne se fera pas cette semaine» et que «nous attendrons que le président prenne sa décision». Une annonce qui coïncide avec la fin de la visite à Washington du Premier ministre israélien Ariel Sharon, qui s'est prononcé lundi durant ses entretiens avec George Bush contre la création d'un Etat palestinien en plaidant que cela créerait l'instabilité politique en Israël. Selon un haut responsable politique israélien ayant requis l'anonymat, Sharon a indiqué que dans les conditions actuelles, le soutien à la création d'un Etat palestinien «provoquerait l'éclatement de son gouvernement d'union nationale». Sharon est arrivé à Londres à l'issue de sa sixième visite aux Etats-Unis pour des entretiens avec le Premier ministre britannique Tony blair, avant son retour le même jour en Israël. Et le haut responsable d'ajouter que Sharon a affirmé que s'il était mis en demeure d'accepter des arrangements en vue de la création d'un Etat palestinien «cela conduirait ipso facto à des élections anticipées et à un gel politique d'environ six mois en Israël». Par ailleurs, Colin Powell a annoncé qu'il allait présider lui-même, cet été, «la réunion ou la conférence internationale» pour le Proche-Orient, dont le lieu et la date exacte seront fixés après l'annonce par M. Bush de sa vision du règlement. «Nous n'avons pas encore établi la liste des invités. Nous ne sommes pas encore prêts à entrer dans ces détails», a indiqué M. Powell en réponse à une éventuelle participation du Liban et de la Syrie à cette réunion. Rejetant les demandes du Premier ministre israélien Ariel Sharon de boycotter le président palestinien Yasser Arafat, Colin Powell a réitéré la décision de son gouvernement de « travailler avec les dirigeants palestiniens, le président Arafat et d'autres». «M. Arafat préside l'Autorité palestinienne et dirige le peuple palestinien. Nous considérons qu'il faut qu'il en soit ainsi jusqu'au moment où le peuple palestinien choisira le contraire», a-t-il dit. Des propos contredits par Yasser Abed Rabbo, le ministre palestinien de l'Information, qui a accusé mercredi Washington d'avoir donné son feu vert à Ariel Sharon pour qu'il «achève son plan visant à détruire l'Autorité palestinienne» et l'occupation israélienne de Ramallah. La ville de Ramallah est réoccupée depuis lundi avant l'aube par l'armée israélienne qui encercle le QG du président Arafat.