Le suicide des jeunes doit sortir du tabou. D'après un sondage effectué par le ministère de la santé auprès des jeunes écoliers de 10 à 13 ans, l'idée de suicide aurait traversé l'esprit de pas moins de 14% de ces jeunes. Le suicide des jeunes doit sortir du tabou. D'après un sondage effectué par le ministère de la santé auprès des jeunes écoliers de 10 à 13 ans, l'idée de suicide aurait traversé l'esprit de pas moins de 14% de ces jeunes. Un chiffre qui fait froid au dos et qui laisse dire que ce phénomène ne doit absolument pas être minimisé. Pourquoi un jeune se donnera-t-il la mort et comment anticiper cet acte? Telles étaient les questions auxquelles des spécialistes du mal-être des jeunes ont essayé d'apporter des réponses lors d'une journée débat organisée par l'association «Sourire de Reda». En France, un jeune tente de mettre fin à sa vie toutes les dix minutes. Au Maroc, les chiffres manquent. Il faut dire que c'est à peine si l'on ose avouer que le phénomène du suicide des jeunes existe en soi. Et pourtant, il ne faut pas se voiler la face, un nombre indéfini de jeunes adolescents tente ce passage à l'acte. Certains échouent mais d'autres réussissent à le faire. Tel était le cas de Reda, un enfant de 13 ans qui s‘est donné la mort le 5 février 2009. Ironie du sort, la Conférence internationale de prévention du suicide se déroulait ce même jour. La mort tragique de cet enfant de 13 ans a levé le voile sur ce phénomène longtemps passé sous silence. Celui du mal-être des jeunes. Selon Najat M'jid, médecin pédiatre et fondatrice de l'association Bayti : «Il n'y a pas un profil type d'un enfant qui veut se donner la mort. On peut cependant remarquer quelques modifications de ses relations avec son entourage, de ses habitudes, une tendance à s'isoler ou une certaine susceptibilité. Toutefois, ceci peut ne pas être révélateur. Plusieurs jeunes souffrent en silence et c'est à nous d'aller vers eux. Le dialogue reste le meilleur moyen de prévention du suicide». Vous l'avez compris, un enfant ne doit pas être livré à lui même. A quoi pense un enfant quand il essaie de mettre un terme à sa vie ? D'après Brian Mishara, directeur du Centre de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie au Québec : «Quand un jeune se suicide, il n'a pas la même vision que nous. Pour lui, sa douleur est interminable et il doit la stopper». Un enfant peut effectuer ce passage à l'acte parce qu'il a un manque de confiance, parce qu'il a été harcelé à l'école, il s'est fait rejeter par un groupe d'amis, pour une première déception d'amour ou parce qu'il a des problèmes d'addiction. Inutile de lister. Les raisons peuvent être graves comme elles peuvent être banales mais l'acte reste tragique. A cet effet, Najat M'jid insiste sur le fait qu'il faut «rééduquer les parents, il faut leur apprendre à écouter leurs enfants et à nourrir leur confiance en eux-mêmes». C'est dans ce sens, et dans un objectif d'écoute que «Sourire de Reda» a mis en place le premier espace d'écoute anonyme par tchat pour les jeunes au Maroc. Ceci dit, ce phénomène n'est plus à négliger, on y a tous une part de responsabilité que nous devons assumer, à commencer par ouvrir les yeux sur notre entourage, ne pas hésiter à venir en aide et surtout être à l'écoute.