«Très précaire». Ce sont les mots par lesquels un juge a qualifié la situation matérielle des magistrats au Maroc. En effet, un magistrat démarre sa vie active avec un salaire brut ne dépassant pas 8.600 DH pour arriver à la fin de sa carrière à un salaire mensuel aux alentours de 35.000 DH, a précisé le même magistrat. De plus, un magistrat en début de carrière doit attendre une dizaine d'années pour avoir une promotion. Autrement dit, il perçoit le même salaire de 8.600 DH pendant dix ans, a précisé un magistrat. Ce dernier a précisé à ALM que le tiers des magistrats au Maroc touche ce salaire qui ne répond pas à leurs besoins. Avec un tel salaire, comment peut-on demander à un magistrat d'avoir au moins son propre moyen de transport? Le pire, selon la même source, est que les salaires des magistrats sont restés gelés depuis 1994. Quand «bougeront»-ils ? Selon une source qui a assisté à la cérémonie de l'ouverture de l'année judiciaire 2012, au siège de la Cour d'appel à Casablanca, les magistrats ont compris suite à une réponse du ministre de la justice et des libertés, Me Mustapha Ramid, en marge des cérémonies, «qu'il n'y aura pas d'augmentation de salaires au moins pour l'année en cours». La réforme de la justice dans le programme gouvernemental La réforme profonde et totale du système judiciaire figure au premier rang des priorités que s'est fixées le nouveau gouvernement, eu égard au rôle vital de la justice dans l'édification démocratique, la stabilité sociale et le développement économique, avait affirmé le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, lors de la présentation de la déclaration gouvernementale devant les deux Chambres du Parlement. M. Benkirane avait souligné que la protection des droits des citoyens et des intervenants socio-économiques contribue à créer un climat de confiance qui encourage l'initiative privée et l'investissement. Partant, le gouvernement s'attellera, dans le cadre d'une approche participative, à la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles et à la promulgation des textes organiques et juridiques relatifs à l'indépendance de la justice et des magistrats, notamment en matière de statut des juges et de procédure disciplinaire. Le nouveau gouvernement poursuivra également le chantier des grandes réformes engagées dans ce domaine et visant l'actualisation de l'arsenal juridique régissant l'exercice des libertés publiques, notamment la révision de la procédure pénale à la lumière des engagements internationaux signés par le Maroc. «Club des magistrats du Maroc», un nouveau souffle pour les magistrats C'est en pleine chaleur de ce samedi 20 août 2011 et à l'air libre de Rabat que plus de 500 magistrats ont créé leur «Club des magistrats du Maroc». Un club, premier de son genre au Maroc, qui compte actuellement, selon son président Me Yassine Mokhli, plus de 1.800 adhérents, presque la moitié des magistrats du Royaume. Au départ, ces magistrats ont recouru au réseau social, Facebook, pour briser le silence tout en postant des billets dans lesquels ils protestent contre la défaillance du système judiciaire et la situation matérielle des juges, ainsi que la présence d'avocats et de personnes publiques dans le Conseil supérieur de la magistrature. Une première démarche est arrivée à la décision de créer une organisation qui rêve de défendre, entre autres, l'indépendance de la magistrature et l'encouragement de l'esprit de solidarité entre les magistrats du Royaume. Seulement, ils ont été interdits de réaliser leur rêve en les empêchant d'accéder au siège de l'Ecole nationale de l'industrie et des mines bien qu'ils l'aient loué pour tenir leur première assemblée. Cependant, la volonté de ces juges était telle qu'ils n'ont pas baissé les bras et ont créé leur club en plein air.