Le PJD vit la même situation que celle vécue par l'USFP dans son âge d'or et court les mêmes risques : désillusion, perte de popularité, luttes intestines,... Après son triomphe aux élections du 25 novembre, le PJD peut-il devenir victime de son succès ? Outre la gestion du gouvernement et de l'avenir de tout un pays, d'autres défis attendent le parti. Ils concernent même son avenir et sa gestion interne. Aujourd'hui, ses instances sont menacées de devenir orphelines de leur leader et de ses cadres les plus éminents qui seront pour la plupart tournés vers l'action gouvernementale. Surtout que les élections communales constituent une étape importante qui nécessite autant de mobilisation de l'élite du parti que lors des législatives. «Le travail et la gestion interne du parti ne repose pas sur la dizaine de cadres qui occuperont des postes de ministres. Même si le leader du parti assume la responsabilité de chef de gouvernement, cela ne l'empêchera pas d'encadrer les membres du parti», a indiqué à ALM Saâd-Eddine El Othmani, président du Conseil national du PJD. Selon lui, actuellement «il y a nécessité de former des cadres pour le parti, ainsi que les 107 députés pjdistes qui siègent désormais au Parlement et qui sont pour la plupart des nouveaux, il leur faut une formation au niveau politique et communicationnel. Le parti prévoit un programme de formation dans les jours qui viennent». Par ailleurs, il faut noter que le parti de la lampe suscite actuellement les espoirs des 1.080.000 d'électeurs qui ont voté pour lui ainsi que les attentes de tous les Marocains. Le parti dirigé par Abdelilah Benkirane attire ainsi de plus en plus de citoyens qui se bousculent pour y adhérer. Il comptait, avant les élections législatives du 25 novembre, quelque 13.000 membres. Aujourd'hui leur nombre s'élève à environ 25.000, estime M. El Othmani. Ses responsables, particulièrement au niveau de la section de l'organisation du parti, sont aujourd'hui en train de réfléchir à la nécessité de créer des filtres et des critères pour encadrer ces demandes d'adhésion qu'ils reçoivent quotidiennement de manière croissante. «Ces demandes d'adhésion proviennent de personnes qui veulent participer et améliorer le rendement du parti», souligne M. El Othmani. Mais selon les observateurs de la scène politique, le PJD vit la même situation que celle vécue par l'USFP dans son âge d'or et à la suite de son entrée au gouvernement en 1998. Il suscite le même engouement, et si son expérience échoue il court les mêmes risques : désillusion, perte de popularité et de crédibilité, luttes intestines, éclatement... Sur ces point, le président du Conseil national répond que le contexte est différent et la trajectoire aussi: «La démocratie doit s'apprendre de A à Z, c'est ce que ferra notre parti. On jugera ses résultats dans 5 ans. S'il remporte le pari, et c'est le jeu de la démocratie, il briguera un autre mandat. Et nous ferons de notre mieux pour satisfaire les attentes des citoyens». Par ailleurs, outre la remise à niveau du parti au niveau central, M. El Othmani a estimé qu'il est également question de restructurer les instances régionales du parti. «Le Maroc est aujourd'hui devant le grand chantier de la régionalisation, il faut donc que les structures régionales du parti soient capables de relever ce défi, et de donner tout autant d'importance à la promotion et la révélation d'une élite dans les régions», a-t-il ajouté.