Hormis quelques cas minoritaires, pratiquement tous les partis politiques connaissent des luttes intestines pour l'octroi des accréditations aux candidats des élections législatives à Rabat. La capitale où 7 sièges sont à pourvoir. Rabat est incontestablement une ville où les élections seront le théâtre de luttes acharnées pour les sièges. Il s'agira, non seulement de luttes intestines au sein des partis politiques, mais également de combats de titans entre les différents candidats. Rappelons que la capitale compte deux circonscriptions : Chellah et Océan. Malgré ce qui a été écrit et dit, Rabat connaîtra en septembre 2007, le même découpage électoral que celui appliqué lors des consultations de 2002. Prenons donc la première circonscription : Chellah. Trois sièges y sont à pourvoir et pour y parvenir les candidats doivent séduire plus de 150.000 électeurs. Lors des élections de 2002, le député du PJD Abdellah Baha est venu en tête des suffrages, suivi du Haraki et Omar Bahraoui puis de l'Usfpéiste tonitruant Driss Lachgar. En septembre 2007, les choses risquent d'être légèrement corsées. Ainsi, Omar Bahraoui est parti pour être le favori. Son poste de maire de la capitale, depuis 2003, lui a conféré une popularité et une avance que les autres candidats sont quasiment incapables de rattraper. En outre, contrairement à beaucoup d'autres candidats qui comptent se lancer dans cette circonscription, Omar Bahraoui est le seul candidat du Mouvement populaire à Rabat-Chellah. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Au sein du PJD par exemple, la bataille fait rage entre Abdellah Baha, le député sortant, et Abdessalam Balaji, le secrétaire régional du PJD dans la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Le bras de fer entre ces deux personnes est rude et devrait prendre fin le 8 avril, date à laquelle le secrétariat général du PJD tranchera. Bien que Baha soit un membre de ce même secrétariat général, et ancien président du groupe à la Chambre des Représentants, il est sérieusement bousculé par Balaji qui connaît parfaitement les militants. En clair, ce que Baha a gagné en aura, Balaji l'a récupéré dans le travail de terrain, puisqu'il occupe également le siège de conseiller dans l'arrondissement de Souissi et celui de vice-président du conseil provincial de la Rabat. À l'Istiqlal, la bataille pour l'accréditation fait également rage. Si au PJD ils ne sont que deux prétendants en lice, dans le parti d'Abbas El Fassi, en revanche, pas moins d'une douzaine de militants, plus ou moins importants, et uniquement dans la circonscription de Chellah, ont répondu favorablement à l'appel à candidatures lancé par leur formation. Luttes intestines Parmi eux, il y a Saâd Benmbarek, président de l'arrondissement de Hassan, Khalid Trabelsi, avocat et membre du conseil national de l'Istiqlal, ainsi que Hassan Cherkaoui, premier vice-président du Conseil de la ville de Rabat. En tout cas, pour l'Istiqlal il va falloir jouer le tout pour le tout afin de conquérir la circonscription de Chellah. Celle-ci convoitée également par l'Usfpéiste, Driss Lachgar, membre du bureau politique et président du groupe à la Chambre des Représentants. Driss Lachgar, et en dépit de son absence du terrain, bénéficiera du poids de son parti pour conserver son siège au Parlement. À ces candidats s'ajoutent Faouzi Chaâbi (PPS), président de l'arrondissement de Souissi, qui y croit dur comme fer et Abdelkrim Benatik, secrétaire général du Parti Travailliste qui a le vent en poupe actuellement. Voilà pour ce qui est de la circonscription de Chellah. Qu'en est-il de celle de l'Océan, où quatre sièges sont en jeu? D'emblée, nous pouvons affirmer que la bataille des accréditations ne sera pas moins acerbe qu'à Chellah. Le député sortant, Houssine Kerroumi, est sérieusement concurrencé par le fameux Abdelilah Benkirane qui aurait décidé de quitter sa circonscription de Salé au profit de Saâd Eddine El Othmani. Voyons les chances de l'un et de l'autre. Houssine Kerroumi est un politicien hors pair. Pour les législatives, deux fois de suite, il fut élu au Parlement. Et pour les communales, deux fois de suite, les électeurs lui accordent leur confiance pour le hisser à la tête de la commune (qui devint arrondissement en 2003) de Yaâcoub Mansour. En clair, Houssine Kerroumi est une machine imbattable aux élections. Son point faible? Il est interne. Kerroumi n'est pas un «enfant» de la mouvance islamiste. Ce qui n'est pas le cas d'Abdelilah Benkirane. Théoriquement, ce dernier est capable, comme n'importe quel autre figure emblématique du PJD, de se présenter n'importe où et s'assurer le soutien de tous les militants de la circonscription. Mais dans le cas de Rabat-Océan, les choses sont tout à fait différentes. Les électeurs votent pour Kerroumi avant qu'il ne rejoigne le PJD. Ils ont continué à voter pour lui après qu'il ait intégré le parti d'El Othmani. En d'autres termes, s'il quitte le PJD (éventuellement s'il n'obtient pas l'accréditation) il sera certainement reconduit. En tout cas, ses électeurs seront fixés avant le 15 avril. À l'USFP, même scénario pratiquement. Mohamed Elyazghi (député sortant) devrait conserver haut la main son siège. Toutefois, s'il décide de se présenter à Mohammadia (à en croire des sources internes), le bras de fer opposera donc deux mastodontes de l'USFP à Rabat. Abdelhadi Khaïrat, membre du bureau politique et Ahmed Rih, le secrétaire régional du parti à Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Quant à l'Istiqlal, les choses semblent être bien parties pour Abdelhamid Aouad, président du groupe à la Chambre des Représentants et, surtout, responsable régional du parti dans la capitale. A priori, il n'aura pas de mal à conserver son siège, car aucun candidat de taille ne sollicite encore l'accréditation dans sa circonscription. La même posture est occupée par Mohamed Aujjar, lui-aussi député sortant du RNI. Mais c'est chez les Harakis que le bras de fer risque de déboucher sur une guerre ouverte. Mohamed Tatou, ancien de l'UD et membre du bureau politique du MP se dispute l'accréditation à Saïd Oulbacha, secrétaire d'Etat à la formation professionnelle, président du conseil provincial de Rabat et surtout le chouchou de Mahjoubi Ahardane. Il sera difficile de départager ces deux candidats, car quelle que soit la décision du parti, les vieux démons seront réveillés. À ces candidats s'ajoutent d'autres, non moins redoutables. C'est le cas de Mohamed Sassi du PSU, de Driss Hilali président de la Fédération Royale de Taekwondo (Parti Travailliste), Addi Bouârfa du CNI et vice-président du Conseil de la ville. Celui-ci, faut-il le rappeler, à obtenu, en 2002, pas moins de 3000 voix, ce qui est un bon score. En somme, les partis qui connaissent aujourd'hui des luttes intestines risquent de le payer cher lors des élections.