Dans un communiqué, le PJD dénonce ce qu'il qualifie de campagne de dénigrement et de diabolisation orchestrée contre lui. Le Parti de la justice et du développement (PJD) hausse le ton contre le gouvernement. En réaction au communiqué de l'Exécutif au sujet de thèses mettant en doute l'honnêteté des prochaines élections, le parti islamiste a opté pour l'escalade. Dans un communiqué du secrétariat général, rendu public mardi 6 septembre, le parti dirigé par Abdelilah Benkirane dénonce ce qu'il qualifie de «campagne de dénigrement et de diabolisation orchestrée» contre lui. Le PJD, qui qualifie le communiqué du gouvernement de «misérable», accuse «des forces anti-réforme de renouer avec ses pratiques et manœuvres anciennes» pour le décrédibiliser en prévision des prochaines élections. Le PJD, qui n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur son rival traditionnel le Parti authenticité et modernité (PAM), prend la défense, à travers le communiqué, des membres de son parti mettant en doute l'honnêteté des prochaines élections prévues le 25 novembre. Le PJD estime, par ailleurs, que «la campagne menée contre lui» n'atteindra pas son effet escompté et «que le parti s'est habitué, depuis un certain temps, à ce genre de communiqués de mauvaise presse». «Les aspirations à la consolidation de la démocratie n'auront pas pris en considération les forces anti-réforme. Ces dernières n'ont fait que se résigner au silence jusqu'à ce que le Maroc traverse ce qu'ils qualifient de «tempête passagère». Elles ont, ainsi, renoué avec leurs pratiques et manœuvres qui allaient mener le pays vers l'inconnu», souligne le secrétariat général du PJD. Selon le parti islamiste, «le communiqué misérable du gouvernement accusant l'opposition de servir les intérêts des ennemis de la patrie, de la démocratie et de l'ouverture s'inscrit dans le cadre de ces manœuvres». «Ces personnes n'atteindront pas leurs objectifs en renouant avec les pratiques défaillantes, notamment les manœuvres non-démocratiques, les transactions et la direction à distance de la justice, des walis et des gouverneurs. Ces pratiques sont inutiles sur le long terme», souligne le communiqué du PJD. Le communiqué du parti islamiste a eu droit à une réaction virulente de la part du gouvernement et du parti dirigé par Mohamed Cheikh Biadillah (voir réactions ci-dessous). A noter que le PJD a fortement critiqué la méthodologie adoptée par le gouvernement pour préparer les prochaines élections. Le parti estime que les projets de lois électorales élaborés par le département de Taib Cherkaoui et ayant fait l'objet d'un processus de concertations avec les partis, n'apporteraient rien de nouveau. Le PJD dénonce, aussi, le fait que le ministère de l'intérieur n'ait pas encore procédé à la révision de l'administration territoriale. La tension entre le PJD et le gouvernement a atteint son paroxisme avec les déclarations de plusieurs dirigeants du parti islamiste menaçant de boycotter les prochaines élections. «Ce n'est que de la littérature de mauvais goût» «Le gouvernement ne serait être accusé d'empêcher l'opposition d'accomplir sa mission. Ce qui est en cause ce n'est pas l'opinion divergente de tel ou tel parti parce que nous sommes un gouvernement démocratique. Ce qui est en cause c'est le fait de lancer des accusations gravissimes contre le gouvernement sans la moindre preuve. Tout le reste de la part du Parti de la justice et du développement ce n'est que de la littérature de mauvais goût», souligne Khalid Naciri, ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, dans une déclaration à ALM. A rappeler que le gouvernement avait souligné, dans un communiqué, lundi 29 août dernier, qu'«au moment où le gouvernement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, œuvre à concrétiser la teneur de la nouvelle Constitution qui a été approuvée à une majorité écrasante par le peuple marocain et à mettre en œuvre les Hautes orientations royales relatives à l'instauration du climat adéquat et à élargir le domaine de la concertation et du dialogue constructif avec les différents partenaires politiques en vue de parvenir à un consensus au sujet des réformes politiques et juridiques, en perspective des prochaines échéances électorales de sorte à garantir leur transparence et leur honnêteté, certaines parties et personnes se sont évertuées de manière inacceptable et avec des desseins inavoués à propager des thèses irresponsables mettant en doute l'honnêteté et la crédibilité des prochaines élections, et ce sur un ton alarmiste, ce qui ne sert en fait que les ennemis de la patrie, de la démocratie et de l'ouverture». «Le PJD met la pression sur l'état pour arracher la présidence du prochain gouvernement» «Le PJD est en train d'utiliser ses dernières cartes contre le PAM. Son objectif étant de fragiliser le PAM lors des prochaines élections. Tout le monde sait que les campagnes menées jusqu'ici par ce parti contre nous n'ont pas abouti», précise Samir Aboulkacem, membre du bureau national du PAM, dans une déclaration à ALM. «La campagne actuelle menée par le PJD montre clairement que ce parti n'a pas que des problèmes avec le PAM. Bien au contraire, ce parti s'acharne contre tous les partis. Dans le cadre de l'élaboration des lois électorales, il s'est avéré que ce parti refuse toutes les propositions. Dans ce sens, il rejette les propositions des petits partis et s'oppose aux aspirations des jeunes et des femmes», ajoute-t-il. «Il n'est aujourd'hui un secret pour personne que ce parti n'a d'autre objectif que de diriger le prochain gouvernement. Il met de la pression sur l'Etat pour arracher la présidence du prochain gouvernement. D'un côté, Abdelilah Benkirane a donné son accord pour les dispositions des lois électorales et de l'autre côté, le PJD déclare son intention de recourir à l'escalade. Cette attitude paradoxale de la part de ce parti montre qu'il veut qu'on accepte cette manœuvre. Ce sont-là des pratiques d'un parti totalitaire et d'un parti unique», indique ce membre du PAM. «Le PJD dit que les partis de l'administration et que les partis de gauche ont dirigé le pays durant une période déterminée et que le moment est venu pour lui pour présider le gouvernement. Cela relève d'une vision simpliste des choses», ajoute-t-il.