Le Parti de l'Istiqlal veut faire de 2025 l'année du volontariat, alors que le Maroc se prépare à la CAN et à la Coupe du Monde. Un enjeu clé de solidarité et de développement. Le Parti de l'Istiqlal a récemment annoncé une initiative ambitieuse visant à faire de 2025 "l'année du volontariat" au Maroc. A travers un programme national déployé sur l'ensemble des régions du pays, cette initiative entend renforcer la culture de l'engagement et promouvoir la participation active des citoyens dans le développement de leur communauté. Ce projet vise par ailleurs à renforcer la culture du bénévolat au sein de la société marocaine, notamment en tant que levier de cohésion sociale et de responsabilisation individuelle. Le Centre Marocain du Volontariat et de la Citoyenneté (CMVC) a salué cette démarche en soulignant que l'engagement bénévole n'est pas un simple acte de générosité, mais une dynamique essentielle pour le renforcement du tissu social et la construction d'une société plus solidaire. Le volontariat, considéré comme un pilier de la démocratie active, peut également jouer un rôle de catalyseur pour la participation citoyenne dans les processus politiques et électoraux. Sport et bénévolat Parmi les exemples qui illustrent l'importance du volontariat, figurent les grands événements, notamment les manifestations sportives internationales. Dans le cadre de la Coupe d'Afrique des Nations 2025 et, encore plus, de la Coupe du Monde 2030 que le Maroc coorganisera avec l'Espagne et le Portugal, le rôle des bénévoles sera aussi incontournable que déterminant. L'expérience des Jeux Olympiques et des Coupes du Monde organisés dans d'autres pays montre que ces méga-événements ne peuvent fonctionner sans une mobilisation massive de volontaires, chargés entre autres d'accueillir les visiteurs, d'encadrer les flux de spectateurs ou encore d'assurer un soutien logistique aux organisateurs. «En 2030, j'aurai 21 ans. Mais j'ai depuis l'année dernière demandé à mes parents de m'aider à faire les démarches pour participer en tant que bénévole durant la Coupe du Monde», explique Mehdi, jeune lycéen à Rabat, ajoutant que son objectif est «de faire partie de cette belle aventure, tout en côtoyant les stars de football». Pour lui, même s'il n'y a pas de rémunération, «la participation dans une Coupe du Monde sur un CV est toujours un atout». Solidarité sous-estimée Cependant, au-delà des événements sportifs, le bénévolat joue un rôle essentiel dans de nombreuses causes sociales, et ce, au niveau international. L'action des associations et des citoyens engagés couvre une variété de domaines allant de l'aide aux personnes en situation de précarité à l'éducation, en passant par l'environnement et la santé. Dans un contexte où les inégalités sociales persistent et où les services publics ne peuvent pas toujours répondre à toutes les attentes, l'engagement volontaire devient un vecteur incontournable de solidarité. Au Maroc, de nombreuses initiatives communautaires illustrent l'impact du bénévolat sur le quotidien des populations vulnérables. Pourtant, ce travail reste souvent sous-estimé et insuffisamment reconnu. La structuration du bénévolat, la formation des acteurs engagés et une meilleure coordination entre l'Etat et la société civile pourraient décupler son efficacité, d'où l'intérêt de l'initiative du Parti de l'Istiqlal qui porte la promesse de moderniser la culture du bénévolat au Maroc en puisant dans son profond enracinement dans la solidarité naturelle et les valeurs de partages largement répandues parmi les Marocains.
Réinventer la solidarité Si le volontariat est une culture qui évolue dans le temps et l'espace, la notion de l'engagement désintéressé ne date pas d'hier. Notre pays a une longue tradition de mobilisation collective illustrée par des événements historiques comme la construction de la Route de l'Unité en 1957 et la Marche Verte en 1975. Ces initiatives, fondées sur la participation massive des citoyens, ont démontré la capacité des Marocains à se mobiliser pour une cause commune (voir article ci-contre). Aujourd'hui, il est temps de repenser le rôle du bénévolat dans une société en mutation. Si l'esprit de solidarité demeure ancré, il est nécessaire d'adapter les dispositifs existants pour intégrer pleinement le bénévolat dans les stratégies de développement socio-économique. La reconnaissance officielle, l'incitation à l'engagement et la mise en place de formations spécifiques pourraient transformer cet apport citoyen en une force structurée, au service d'un Maroc plus inclusif et solidaire. Une dynamique qui semble sur les rails au vu de l'initiative de l'Istiqlal, mais également, au vu des multiples plateformes digitales qui fleurissent au Maroc et qui sont exclusivement dédiées au volontariat. 3 questions à Mohamed El Ousfour, président du CMVC : «L'ONU considère le bénévolat comme un indicateur de développement socio-économique» * Quelle est la mission du Centre Marocain du Volontariat et de la Citoyenneté et quelles sont ses activités ? - Le Centre Marocain du Volontariat et de la Citoyenneté (CMVC) a été fondé en 2013 avec pour objectif principal le plaidoyer en faveur de la mise en place d'une loi sur le volontariat contractuel. Ce travail a abouti à l'adoption en 2021 du projet de loi 06.18 réglementant cette pratique, suivie récemment par la publication des décrets d'application. Le CMVC milite également pour la création d'une Journée nationale du volontariat afin de sensibiliser et promouvoir cette culture à grande échelle. Le centre intervient aussi dans la sensibilisation des jeunes en milieu scolaire et universitaire, et organise des caravanes de solidarité, qu'elles soient médicales ou destinées à lutter contre les effets du froid. De plus, il organise un Forum pour le développement sociétal sous l'égide de la Ligue arabe.
* Que répondez-vous aux personnes qui estiment que le volontariat devrait laisser place à de l'emploi rémunéré afin d'éviter toute exploitation ? - Il est essentiel de distinguer le bénévolat spontané du volontariat contractuel. La loi 06.18 a justement été conçue pour encadrer ce dernier et prévoir des mécanismes garantissant la prise en charge des frais inhérents aux missions de volontariat. Il ne s'agit pas de rémunération, mais d'une couverture des coûts liés à l'engagement volontaire, permettant ainsi de structurer et d'encourager une dynamique de développement sociétal. Les autorités locales et régionales ont un besoin grandissant de soutien, et la société civile dispose de la souplesse nécessaire pour intervenir efficacement dans divers domaines. De plus, nous avons proposé au ministre de la Justice d'intégrer le bénévolat comme peine alternative pour certaines infractions, en fonction du profil des contrevenants et de leurs compétences académiques ou professionnelles. Enfin, la loi prévoit des garde-fous afin d'éviter toute dérive qui nuirait à l'emploi rémunéré.
* Quel est votre message aux personnes, jeunes ou moins jeunes, qui souhaitent s'engager dans des activités bénévoles ? - Le volontariat fait partie de l'ADN du Maroc, comme l'ont montré les élans de solidarité face aux crises récentes (Covid-19, Séisme d'Al-Haouz...). Il est désormais crucial de structurer et d'organiser cet engagement afin qu'il réponde aux besoins actuels. L'ONU considère d'ailleurs le bénévolat comme un indicateur de développement socio-économique. S'engager dans des actions bénévoles permet non seulement d'apporter une contribution tangible à la société, mais aussi d'acquérir une expérience enrichissante et de développer des compétences utiles. Il est fondamental d'intégrer cette culture dans les établissements scolaires et universitaires à travers des programmes dédiés. L'Histoire du Maroc regorge d'exemples inspirants, comme la Route de l'Unité, qui symbolise la mobilisation des jeunes pour un projet national majeur. Enfin, nous saluons l'initiative du Parti de l'Istiqlal visant à faire de 2025 "l'année du volontariat" au Maroc. Il est positif de voir un parti politique placer cette question au cœur de son programme et de ses activités. Nuance : Bénévolat et volontariat, deux engagements et une même vocation Souvent confondus, le bénévolat et le volontariat reposent sur des principes distincts. Le bénévolat est un engagement libre, sans rémunération ni obligation, exercé au sein d'associations ou d'initiatives citoyennes. Il est souple et ponctuel, guidé par la volonté d'aider sans contrepartie. Il couvre une grande variété d'actions, du soutien scolaire à l'aide aux personnes en difficulté, en passant par des projets environnementaux. Le volontariat, lui, s'inscrit dans un cadre plus structurant. Il repose sur un contrat fixant la durée et les conditions de la mission. Il peut inclure des indemnisations couvrant les frais liés à l'engagement. Ce dispositif est souvent utilisé dans l'humanitaire, les missions sociales ou les événements d'envergure. Dans ces cas, les volontaires sont recrutés, formés et encadrés pour répondre aux besoins précis de l'organisation. Si leur nature diffère, bénévoles et volontaires partagent un objectif commun : contribuer à une société plus solidaire et engagée. Histoire : Marche Verte et Route de l'Unité, emblèmes du bénévolat marocain Le Maroc a une longue tradition de solidarité et de mobilisation citoyenne, illustrée par des événements historiques majeurs tels que la Route de l'Unité en 1957 et la Marche Verte en 1975. Ces initiatives ont démontré la capacité des Marocains à s'unir bénévolement pour des causes nationales cruciales. En 1957, sous le règne de feu Sa Majesté le Mohammed V, la Route de l'Unité a été lancée pour relier la ville de Taza à la ville d'Al-Hoceima, symbolisant l'unification du Nord et du Sud du pays après l'indépendance. Ce projet ambitieux a mobilisé environ 12.000 jeunes volontaires marocains, aussi bien du Nord que du Sud du pays, qui ont travaillé ensemble et sans rémunération pour construire cette route stratégique. Leur engagement a non seulement permis de désenclaver des régions isolées, mais a également renforcé le sentiment d'unité nationale et de solidarité entre les différentes composantes de la société marocaine. Près de deux décennies plus tard, en 1975, la Marche Verte a constitué une autre démonstration éclatante de l'esprit de volontariat des Marocains. En réponse à l'appel de feu Sa Majesté Hassan II, environ 350.000 citoyens se sont portés volontaires pour marcher pacifiquement vers le Sahara alors sous occupation espagnole, brandissant le Coran et le drapeau national. Cette mobilisation massive et pacifique visait à affirmer la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. La Marche Verte reste un exemple emblématique de l'engagement bénévole au service de l'unité territoriale et de la paix.