L'entrée de l'Algérie au Conseil de sécurité de l'ONU représente une opportunité pour le pays de restaurer son « prestige perdu » et de revivre son influence d'antan. Toutefois, cette aspiration se heurte à des réalités complexes, notamment à une détérioration des relations avec certains pays sahélo-sahariens. Par ailleurs, la position algérienne sur le Sahara marocain soulève des interrogations quant à son influence potentielle sur la dynamique du Conseil et sa capacité à redéfinir les paramètres des résolutions liées à cette question, a indiqué un récent Policy Brief du Policy Center for the New South (PCNS). Depuis le 1er janvier 2025, l'Algérie occupe la présidence du Conseil de sécurité, une position stratégique qui lui permet de rehausser son profil sur la scène internationale. Ce développement survient dans le cadre d'une élection non compétitive, un fait qui conditionne l'entrée d'Alger aux côtés de pays tels que la Guyane et la République de Corée. L'entrée de l'Algérie au Conseil s'inscrit dans un contexte géopolitique complexe, comme le souligne le Policy Brief intitulé « L'Algérie au Conseil de sécurité : à la recherche d'une gloire perdue », élaboré par les professeurs Mohammed Loulichki et El Mostafa Rezrazi. En effet, cette accession coïncide avec des tensions internationales majeures, notamment le conflit entre l'OTAN et la Russie, ainsi que la guerre entre Israël et Hamas. Dans ce climat, l'Algérie a su se donner des objectifs ambitieux, comme l'indique son communiqué post-élection. Elle vise à défendre les intérêts africains, à revendiquer deux sièges permanents au sein du Conseil, à soutenir la cause palestinienne pour son adhésion à l'ONU, à lutter contre le financement du terrorisme, et à renforcer la coopération entre l'ONU, la Ligue arabe et l'Union africaine. Pour les auteurs du Policy Brief, l'Algérie, désireuse de recouvrer un « prestige perdu », aspire à revivre son influence d'antan, notamment en tant que médiateur régional. Dans cette quête, elle adopte une politique de « bons offices » dans divers conflits africains, même si les résultats jusqu'à présent restent limités. En juin 2023, Tebboune se voit gratifié par Poutine pour l'initiative algérienne de médiation dans le conflit russo-ukrainien, soulignant ainsi la montée en puissance du pays. Malgré l'échec de sa candidature aux BRICS, l'Algérie voit dans le Conseil de sécurité une plateforme propice pour revitaliser sa diplomatie et renforcer sa présence mondiale. Dans cette optique, elle cherche à influencer les Etats africains en initiant le « processus d'Oran », conçu pour familiariser les nouveaux membres avec le fonctionnement du Conseil tout en promouvant les décisions de l'Union africaine. Cependant, cette volonté de leadership se heurte à des réalités complexes, notamment une détérioration des relations avec certains pays sahélo-sahariens. Les tensions se manifestent à travers des critiques ouvertes du président malien à l'égard de l'Algérie, ainsi que des accusations du Niger concernant l'expulsion massive de migrants irréguliers. Ce contexte est d'autant plus délicat face à la primauté accordée par l'Algérie à la question du Sahara dans sa politique étrangère. L'activisme incessant de ses dirigeants, visant à contrecarrer l'élan marocain en faveur de son initiative d'autonomie, alimente les inquiétudes au sein de l'opinion publique marocaine, qui s'interroge sur les répercussions de l'entrée de l'Algérie au Conseil de sécurité, a souligné le Policy Brief. Le document a fait savoir que cette accession a suscité des inquiétudes quant à l'influence potentielle de l'Algérie sur la dynamique et l'équilibre au sein du Conseil, notamment en ce qui concerne sa capacité à redéfinir les paramètres de la solution politique ou à introduire de nouvelles variables dans les résolutions relatives au Sahara. Ces préoccupations trouvent leur origine dans la radicalisation de la position algérienne sur ce dossier, accentuée par l'absence totale de dialogue entre l'Algérie et le Maroc. De plus, le lien obstinément tissé par l'Algérie ces dernières années entre la question palestinienne et celle du Sahara, associé à l'ouverture à Alger d'un bureau de représentation d'un obscur « parti rifain », a renforcé les craintes quant à la volonté de l'Algérie d'instrumentaliser son mandat au Conseil de sécurité pour compromettre le processus onusien. En 2024, parmi les 46 résolutions adoptées par le Conseil, l'Algérie a voté en faveur de 41, s'est abstenue sur quatre concernant les Houthis, la Libye et le Sud-Soudan, et a décidé de boycotter une résolution. En particulier, lors du vote sur la question du Sahara, l'Algérie s'est singularisée en choisissant de ne pas participer, tandis que le Mozambique, pourtant aligné sur ses positions, a opté pour l'abstention. Le boycott algérien se justifie par plusieurs motifs, a affirmé la même source évoquant un désengagement vis-à-vis de la résolution en question, le ressenti de déception face au rejet de ses amendements visant à élargir le mandat de la MINURSO aux droits de l'homme, et l'abstention de la Russie qui témoigne d'un éloignement de la position algérienne. Cette situation a démontré les limites de la diplomatie algérienne, incapable de rallier à son point de vue même ses alliés, tels que la Russie. Dans un autre registre, les auteurs ont rappelé le sujet de prédilection d'Alger, à savoir la lutte contre le terrorisme. Ils ont précisé que l'Algérie se positionne comme un champion dans la lutte contre le terrorisme, qu'elle attribue à ses propres efforts durant la décennie noire, en le transformant en un symbole de fierté et un atout diplomatique. Le chef d'Etat-major de l'armée, Said Chengriha, a affirmé que le terrorisme est vaincu grâce aux Algériens, soulignant l'absence de soutien extérieur dans cette lutte. En l'absence d'une reconnaissance formelle de l'initiative algérienne par le Conseil lui-même, l'Algérie a habilement tiré parti de sa présidence du Comité contre le terrorisme, un organe subsidiaire du Conseil, pour faire adopter ce que la présidence a intitulé « les principes directeurs de l'Algérie ».