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Allal Sahbi Bouchikhi : «Dans l'affaire du Sahara, l'Algérie dit oui à Washington mais non à Paris, sachant que ce dernier ne reviendra jamais sur sa décision»
Dans une évolution significative, le chef du régime algérien a abandonné l'usage du terme «entité sioniste» pour désigner Israël. Désormais, «pour la première fois, les relais officiels disent ou écrivent 'Israël' ou 'l'Etat hébreu', comme l'a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune dans une longue interview accordée au journal français L'Opinion relatée par l'ensemble des médias algériens», écrit Allal Sahbi Bouchikhi. «Dans l'affaire du Sahara, l'Algérie dit oui à Washington, mais non à Paris, sachant que ce dernier ne reviendra jamais sur sa décision. Et sur la question palestinienne, elle est prête à mettre beaucoup d'eau dans son vin» : ces mots du journaliste Allal Sahbi Bouchikhi résument à eux seuls le nouvel équilibre fragile que tente de façonner la diplomatie algérienne. D'un côté, Alger se dit prête à normaliser ses relations avec Israël sous conditions. De l'autre, le contentieux du Sahara empoisonne ses rapports avec la France, dans un contexte de tensions diplomatiques exacerbées. Dans un entretien accordé au journal français L'Opinion, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affirmé : «Je suis favorable à une normalisation avec l'Etat hébreu si cela s'accompagnait de la création d'un Etat palestinien.» Une déclaration inédite, qui marque un tournant dans la politique étrangère d'Alger, longtemps hostile à tout rapprochement avec Israël en l'absence de règlement du conflit israélo-palestinien. Cette évolution se reflète également dans le discours des médias algériens. «Fini le qualificatif d'entité sioniste quand les médias officiels algériens parlent d'Israël. Pour la première fois, tous disent ou écrivent 'Israël' ou 'l'Etat hébreu'», observe M. Bouchikhi. Par ailleurs, Abdelmadjid Tebboune s'est félicité des «bonnes» relations entretenues avec Donald Trump lors de son premier mandat, relativisant les positions de l'ancien président américain sur le conflit israélo-palestinien et éludant sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Le Sahara occidental, point de rupture avec Paris Si l'Algérie semble encline à ajuster sa position sur Israël, elle demeure inflexible sur le dossier du Sahara occidental, considéré comme une ligne rouge dans ses relations internationales. Dans son entretien, Abdelmadjid Tebboune a révélé avoir mis en garde Emmanuel Macron contre la «grave erreur» que représentait la reconnaissance par Paris du Sahara sous souveraineté marocaine. «Cette décision a été le déclencheur de la profonde crise diplomatique entre les deux pays et du climat délétère qui s'est installé entre l'Algérie et la France ces dernières semaines», souligne M. Bouchikhi. Le contraste est saisissant : alors que l'Algérie semble prête à composer sur la question israélienne, elle refuse toute concession sur le Sahara. Dans cette reconfiguration des équilibres diplomatiques, l'Algérie, isolée et éculée, cherche à se positionner stratégiquement sur la scène internationale. Si l'ouverture relative envers Israël témoigne d'une lucidité tardive, l'intransigeance sur le Sahara illustre l'obsession que nourrit Alger envers cette affaire, au mépris des nouvelles réalités géopolitiques.