Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, a été convoqué, vendredi 17 juillet, au siège du ministère de l'Intérieur pour lui notifier la forte réprobation du comportement du député du parti à Oujda, Abdelaziz Aftati. Ce dernier a adressé, le 5 juillet, une lettre à l'ambassadeur de France à Rabat. C'est une semaine houleuse qu'ont vécue les dirigeants du PJD. Après le communiqué du département de Chakib Benmoussa haussant le ton contre le parti islamiste et le communiqué du Parti Authenticité et Modernité (PAM) indiquant son intention de poursuivre le PJD en justice, arrive le tour de l'affaire Abdelaziz Aftati, membre du secrétariat général du PJD et député du parti à Oujda. L'affaire a éclaté, vendredi 17 juillet, au moment où les membres du secrétariat général du parti de Abdelilah Benkirane examinaient toujours les répercussions de la démarche de l'Intérieur et du PAM. Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, a été convoqué ,vendredi, au siège du ministère de l'Intérieur pour lui notifier la forte réprobation du comportement du député Abdelaziz Aftati qui a adressé, le 5 juillet, une lettre à l'ambassadeur de France à Rabat, sollicitant la protection des autorités françaises en faveur d'un citoyen de nationalité française, Noureddine Boubker, membre du conseil national du parti. Selon les affirmations des dirigeants du PJD, M. Boubker aurait été agressé dans le cadre d'incidents divers ayant marqué l'élection des instances de la municipalité d'Oujda. D'après un communiqué du ministère de l'Intérieur, rendu public vendredi, le comportement de Abdelaziz Aftati traduit à nouveau les contradictions caractérisant les positions du PJD, plus particulièrement en ce qui concerne le respect des institutions nationales qui doivent demeurer à l'abri de toute intervention étrangère. «L'action politique, au sens le plus large, est une affaire interne, qui doit rester exclusivement limitée aux parties nationales et il est inacceptable d'admettre que certains, sous quelque prétexte que ce soit, fassent recours à des parties étrangères pour demander protection et intervention pour la solution de situations à caractère interne», poursuit la même source. Pour sa part, le PJD a affirmé dans un communiqué, dont copie est parvenue à ALM, que ledit député a effectivement adressé une lettre à l'ambassade de France au Maroc. Le PJD a confirmé, en outre, la démission de M. Aftati des rangs du parti. Dans une démarche visant à contourner les effets de l'acte du député du PJD, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, a convoqué, le même jour, l'ambassadeur de France au Maroc, Jean-François Thibaut. Le département de Taïeb Fassi Fihri a précisé que cette convocation a permis de partager avec l'ambassadeur de France «la totale incongruité» de la démarche entreprise par le député du PJD. «Cette correspondance n'est en aucun cas acceptable ou justifiable tant sur les plans politique, éthique et moral. La nationalité française de M. Boubker ne saurait constituer un quelconque prétexte et justifier une quelconque protection étrangère, s'agissant d'une élection nationale et interne», explique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cela dit, il faut préciser que la démarche du député du PJD à Oujda, Abdelaziz Aftati, a été vivement réprouvée. La primature a annoncé, vendredi, que le gouvernement a récusé le «comportement irresponsable» de Abdelaziz Aftati, qui porte atteinte aux sentiments patriotiques respectés de tous. Et d'ajouter que «le gouvernement marocain considère que les démarches du député du PJD auprès des autorités françaises sont inacceptables et totalement injustifiées, en ce sens qu'il s'agit d'élections nationales qui ne concernent que le peuple marocain». Par ailleurs, le bureau de la Chambre des représentants a dénoncé, samedi 18 juillet le «comportement irresponsable» du dirigeant du PJD, estimant qu'il s'agit-là d'un «précédent fâcheux portant atteinte à l'inviolabilité de l'institution parlementaire». Certains partis politiques ont également exprimé leur indignation de la démarche de Abdelaziz Aftati. Le parti de l'Istiqlal (PI) a exprimé, samedi, dans ce cadre, sa ferme condamnation du «comportement irresponsable et inadmissible politiquement et moralement», émanant du membre dirigeant du parti du PJD «qui offense le sentiment national et atteinte aux idéaux d'attachement à la patrie et de respect de ses valeurs et de ses institutions». Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a exprimé, quant à lui, sa désapprobation de ce comportement «contraire à l'esprit de citoyenneté sincère». Le PJD dénonce «l'exploitation politicienne de la faute individuelle» de Abdelaziz Aftati Le secrétariat général du PJD a tenu, vendredi 17 juillet, une réunion consacrée à l'examen des dessous de la lettre adressée par le député du parti à Oujda, Abdelaziz Aftati, à l'ambassade de France à Rabat. Selon un communiqué établi à l'issue de cette réunion du secrétariat général, le PJD a indiqué que Abdelaziz Aftati a confirmé avoir adressé la correspondance à l'ambassade de France, dans le cadre d'«une initiative individuelle», vu que Noureddine Boubker, membre du conseil national du parti, a la nationalité française, étant natif d'Algérie avant son indépendance. Par ailleurs, le PJD a dénoncé «l'exploitation politicienne de la faute individuelle» de Abdelaziz Aftati, parvenue dans des conditions particulières. Selon le communiqué du PJD, cette exploitation vise à contredire les positions du PJD et son respect des institutions nationales, tel que cela a été affirmé dans le communiqué du ministère de l'Intérieur qui, toujours selon la même source, ne cesse d'adopter une position contradictoire en haussant le ton contre le PJD et en se soumettant aux attaques et aux pressions du Parti Authenticité et Modernité (PAM). Le PJD a qualifié, par ailleurs, la démarche de Abdelaziz Aftati de faute grave qui ne cadre pas avec les orientations du parti et transgresse une règle fondamentale dans sa conduite, à savoir s'abstenir d'impliquer des parties étrangères dans les affaires internes du Maroc . C'est la raison pour laquelle le secrétariat général a accepté la démission de M. Aftati des structures du parti.