La «passivité», le désintérêt vis-à-vis de la politique dont on accuse –à tort- notre jeunesse, sont en train d'être largement démentis. Les preuves en sont multiples. Et aujourd'hui c'est une grande partie de la classe politique qui doit absolument s'intéresser à ce qui est en train de se passer sur le terrain. Jeudi 28 juillet avait eu lieu la 2ème édition du Café Politis, sorte «d'agora» organisée sur l'esplanade de la Sqala à Casablanca, chaque dernier jeudi du mois. L'un des objectifs de cette initiative est de tenter de réconcilier la jeunesse (et la population dans son ensemble) avec LA politique, dans son sens le plus noble, c'est-à-dire «gestion de la chose publique». Pour cela l'un des moyens les plus efficaces est bien le débat, l'échange d'idées, la circulation des opinions. Avouons que la culture du débat n'est pas évidente «chez nous» où nous pratiquons plutôt le monologue, l'invective ou la critique systématique. Débattre, dialoguer, se parler sont donc les outils que Café Politis a à sa disposition pour réussir son pari. Organiser un débat en public, libre d'accès et où l'on souhaite que la parole circule -dans le respect- n'est donc pas une entreprise aisée, mais il faut réussir cette étape si l'on veut que notre jeunesse s'implique dans le processus en cours, si l'on veut aider notre Roi et si l'on souhaite que les partis politiques soient contraints d'ouvrir leurs «portes et fenêtres»… L'affluence lors de cette 2ème édition (plus de 250 personnes) est un vrai motif de satisfaction, la jeunesse d'une grande partie du «public» en est un autre et, enfin, la diversité de l'assistance tant du point de vue générationnel que de «l'origine sociale» ou encore de l'identité sont autant de raisons de se réjouir. Le débat qui portait sur «Qu'est-ce qu'être citoyen au Maroc aujourd'hui» a été riche, passionnant et passionné et libre, s'il fallait une preuve aux détracteurs étrangers, et/ou à ceux qui ne perçoivent pas de changement ou encore à ceux qui refusent de reconnaître le climat de liberté -et notamment de liberté d'expression- qui règne dans notre pays, et bien Café Politis en est une belle ! Et j'encourage tous ceux là à venir y assister pour s'en rendre compte... D'ailleurs des membres du Mouvement du 20 février étaient présents à ce débat, beaucoup plus pour dénigrer et critiquer que proposer, mais cela semble être leur «marque de fabrique», en tout état de cause ils ont pu constater que, contrairement à eux, les jeunes présents leur ont répondu par des arguments et non pas par l'invective ou l'anathème... Bien sûr le débat prenait parfois des allures de séance de «thérapie de groupe» mais sans doute est ce là une étape nécessaire. Le choix de tenir cet «espace de libre expression» est audacieux mais il est -me semble-t-il- à la mesure de la phase que nous vivons : il s'inscrit dans le chemin tracé par le discours du 9 Mars, il répond aux exigences créées par la nouvelle Constitution et il répond à l'espoir que nous plaçons légitimement dans notre jeunesse. Bien du chemin reste à parcourir pour convaincre les jeunes générations de s'impliquer en politique mais si, dans un premier temps, nous réussissons à les sensibiliser à l'importance du vote, si de par leur bulletin glissé dans l'urne, ils parviennent à pousser notre classe politique au renouvellement et au rajeunissement, alors une étape salutaire aura été franchie. Une phrase - en particulier - du discours du Trône du 30 juillet de cette année, trouve ici son illustration «La confiance et l'adhésion à l'action collective doivent prévaloir sur les tentations démobilisatrices, démoralisantes et nihilistes, et sur les pratiques mystificatrices éculées».