Sous l'effet de la drogue et armé d'un couteau, il a conduit une jeune fille vers un terrain vague et a abusé d'elle à maintes reprises. Un acte criminel qui lui a coûté six ans de réclusion criminelle. Quand cette jeune fille a entendu son nom prononcé par le président de la Cour, elle n'a pas bougé de sa place. C'est comme si elle était collée à son siège. Le président de la Cour l'a appelée une deuxième fois. Et elle s'est levée sans avancer d'un iota. Le président lui a demandé de s'approcher du perchoir. «Parce que la Cour a besoin de t'entendre pour avoir une idée sur toute l'affaire», lui a expliqué le président de la Cour qui l'a qualifiée de «benti» (ma fille) afin de la consoler et de la soulager. Sans hésitation, la jeune fille en djellaba orange et foulard noir s'est avancée, cette fois-ci, pour s'approcher du perchoir. Elle s'est plantée à droite du box des accusés sans tourner ses regards vers le jeune homme qui s'y tenait. Quant à lui, il l'a dévisagée comme s'il ne l'avait jamais vue. «Tu ne connais pas cette fille ?», lui a demandé le président de la Cour. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Le jeune homme qui s'est disculpé depuis le début de son procès l'a examinée, sans vergogne, de haut en bas pour trancher : «Non, je ne l'ai jamais vue». En écoutant cette réponse, la jeune fille l'a fixé, cette fois-ci avec ses deux prunelles. Elle s'est adressée au président de la Cour en disant à haute voix : «Non, M. le président. C'est un menteur. Il a abusé de moi. Il me connaît. Parce que sa demeure n'est pas loin de la mienne». Le mis en cause, la trentaine, célibataire et sans profession a gardé le silence quand elle répliquait. Il est un repris de justice notoire, puisqu'il a purgé quatre peines d'emprisonnement, allant d'un à trois ans de prison ferme, et ce pour trafic de drogue, vol qualifié, vol avec récidive, et coups et blessures. Et le voilà cette fois-ci avec sur le dos l'accusation de viol, coups, blessures et menace à l'arme blanche. «Oui, M. le président, elle ne demeure pas loin de chez moi, mais je ne lui ai jamais parlé, ni l'avoir touchée», a-t-il précisé sur un ton sec. La jeune fille, âgée de vingt-et-un ans, n'a pas pu tenir ses nerfs. Et elle l'a traité une fois encore de «menteur». Le président de la Cour l'a avertie. Par pudeur, la jeune fille a baissé les yeux. Le président de la Cour lui a demandé de lui raconter sa version des faits. « J'étais chez ma tante, M. le président. J'ai passé tout l'après-midi chez elle», a-t-elle affirmé. Vers 18 h 30, elle est sortie de chez sa tante qui habite près de chez elle, à quelques centaines de mètres. Elle a emprunté son chemin à destination de chez elle. Tout d'un coup, elle fut surprise par une main qui s'est posée sur son épaule droite. Elle a tourné ses yeux pour voir de qui il s'agit, elle a remarqué ce jeune qui brandissait son couteau. Bouche bée, elle ne savait pas à quel saint se vouer. Le jeune repris de justice lui a demandé de garder le silence. Sinon, elle serait poignardée. Craignant d'être touchée par le couteau, elle a préféré se taire. Il l'a conduite jusqu'à un terrain vague. Là, il l'a obligée à se dévêtir. Elle n'avait pas le choix. Elle lui a cédé. Il a abusé d'elle à trois reprises avant de la relâcher. «C'est elle la menteuse, M. le président », a-t-il crié en tentant de se disculper. Malheureusement pour lui et heureusement pour elle, un témoin, le propriétaire d'une laiterie, a affirmé à la Cour avoir vu la jeune fille en compagnie du mis en cause qui était armé d'un couteau. Il a ajouté lors de son audition que le mis en cause les menaçait également au quartier à chaque fois qu'il était sous l'effet de la drogue. A la fin du procès et des délibérations, la Cour l'a condamné à six ans de réclusion criminelle.