Profitant de l'absence de son frère, policier de son état, un jeune chômeur a pris sa tenue et s'est lancé, en compagnie de son complice, dans l'escroquerie en se faisant passer pour des officiers de police. «Il y a deux jeunes hommes qui se font passer pour des officiers de police». C'était l'information qui a été reçue depuis plus de trois mois par les services préfectoraux de la police à Casablanca. Pourquoi se comportaient-ils ainsi ? Pour les indicateurs qui ont rapporté l'information, le duo se faisait passer pour des officiers de police pour mettre leurs victimes dans leurs filets . Toujours selon les informations rapportées par les indics, les deux jeunes hommes ne rataient aucune occasion pour filouter les chauffeurs de grands taxis, les ivrognes, les trafiquants de drogue, les prostituées, etc. Nous sommes dans la région de Médiouna. Il y a quelques semaines, deux jeunes hommes qui étaient à bord d'une Peugeot 405 venaient de s'arrêter. Ils étaient bien habillés et bien rasés. Il faisait nuit, un peu tard. Ils sont descendus de la voiture et ont croisé un père de famille qui s'apprêtait à rentrer chez lui. Il était soûl. Mais, pas au point de tomber par terre ou de tituber. Il semblait qu'il tenait son équilibre. Et pourtant, les deux jeunes hommes l'ont accosté. Le père de famille les a dévisagés. Il était certain qu'ils n'étaient pas ses voisins. Il s'est avancé d'un pas quand l'un d'eux l'a arrêté. Pourquoi ? «Nous sommes de la police», lui a lancé l'un d'eux sur un ton sérieux et sévère. Mais le père de famille leur a expliqué qu'il était près du seuil de sa maison. « Peu importe pour nous. Tu dois nous accompagner au commissariat de police car tu conduisais sous l'effet de l'alcool», lui a fait remarquer l'un des deux jeunes hommes qui a fait semblant qu'il s'apprêtait de le menotter. Le père de famille les suppliait de le laisser rentrer chez lui sans problème. Gratuitement ? Non. Le père de famille a sorti un billet de deux cents dirhams. Il l'a remis à l'un d'eux avec un beau sourire aux lèvres. Et les deux jeunes hommes sont montés à bord de la 405 pour disparaître dans la nature. Les indicateurs ont même affirmé aux enquêteurs de la police judiciaire que les deux jeunes disposaient d'un talkie-walkie qu'ils ont acheté au Souk de Derb Ghallef, ainsi qu'une paire de menottes. La semaine dernière, les deux lascars opéraient au centre-ville. Ils guettaient les chauffeurs de grands taxis, les obligeaient à s'arrêter, prenaient leurs papiers et les gardaient chez eux. Ils ne les leur remettaient qu'après être soudoyés. Ils arrêtaient également les prostituées. Ils ne les relâchaient que quand elles leur versaient une somme d'argent. Les limiers ont appris que les deux voyous étaient au boulevard d'Anfa en train de déplumer leurs victimes. Rapidement, les éléments de la PJ se sont dépêchés sur les lieux. Une surveillance minutieuse s'est soldée par l'arrestation des deux jeunes hommes. Ils ont avoué leurs délits d'escroquerie. Ils ont affirmé avoir filouté plus d'une dizaine de victimes. Leur voiture, la Peugeot 405, a été saisie. À son bord, les enquêteurs ont mis la main sur les talkies-walkies, une paire de menottes et une tenue de police. À qui appartiennent-ils ? «Ils appartiennent à mon frère. Même la voiture lui appartient», a répondu l'un des deux voyous. Son frère est un policier exerçant au port de Casablanca, actuellement en congé annuel. Le mis en cause a profité de son absence pour subtiliser sa tenue et se lancer à mener les victimes en bateau. Les deux mis en cause ont été traduits, mercredi, devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca.