Le gouvernement britannique a appelé la BBC à présenter des excuses pour la publication d'allégations fausses et infondées. La démission de M. Greg Dyke, le directeur général de la BBC (British Broadcasting Corporation) intervient moins de 24 heures après celle de M.Gavyn Davies, président de la Corporation. Elles sont toutes deux étroitement liées à la polémique suscitée par le rapport accablant du Juge Lord Brian Hutton sur le suicide du scientifique britannique, David Kelly. En effet, sur la base d'un entretien avec David Kelly, ancien inspecteur en désarmement de l'ONU en Irak devenu conseiller auprès du ministère de la Défense, Andrew Gilligan, un reporter de la BBC radio, avait accusé le gouvernement d'avoir "gonflé" le dossier de septembre 2002 sur l'Irak, afin de justifier l'entrée en guerre. En fait, le dossier de septembre 2002 sur l'arsenal irakien accusait le régime de Saddam Hussein de pouvoir déployer des armes biologiques ou chimiques en 45 minutes. Or, ces fameuses armes de destruction massive restent introuvables.« David Kelly était une source crédible et ses propos ayant été rapportés de manière correcte, le public, dans une démocratie moderne, avait le droit d'en êtres informés», plaidait Greg Dyke, directeur général de la radio-télévision publique britannique. Or, le rapport du juge Hutton est clair. Il critique sévèrement la Corporation pour la diffusion d'informations non fondées et a blanchi Tony Blair et son gouvernement toute responsabilité dans le suicide de David Kelly. Suite à ce jugement, le conseil d'administration de la BBC a tenu jeudi une réunion de crise pour étudier les mesures à prendre. En donnant sa démission mercredi soir, Gavyn Davies, président du Conseil des gouverneurs de la BBC, avait de même implicitement soutenu son journaliste, espérant que les conclusions du juge Brian Hutton ne signifiaient pas l'interdiction des sources anonymes, ce qui constituerait "une atteinte à la liberté de la presse dans ce pays". Alors que directeur de la BBC a affirmé qu'il assume toute la responsabilité de la diffusion du reportage. Le président par interim de la BBC, Richard Ryder, a présenté des "excuses sans réserve" de la chaîne publique au gouvernement britannique de Tony Blair. Ce dernier ayant, une nouvelle fois, exigé des excuses publiques de la BBC, par la voix de son porte-parole."Nous voulons toujours des excuses. La BBC devrait s'excuser pour avoir diffusé une fausse allégation", avait déclaré le porte-parole de Tony Blair, ajoutant: "le Premier ministre estime que son intégrité a été remise en question" pour les erreurs commises lors de l'affaire Kelly. Le Premier ministre a peu après accepté ces excuses. Or, la conclusion officielle de l'affaire Kelly n'a pas mis fin à la polémique sur les conditions d'entrée en guerre de la Grande-Bretagne en Irak, les critiques fusant contre le rapport du juge Brian Hutton, accusé d'avoir outrageusement blanchi le gouvernement. L'opinion publique, de son côté, ne semblait pas avoir été convaincue. Ainsi, selon un sondage publié à la mi-journée jeudi par le quotidien Evening Standard, 56% des britanniques estiment que le rapport Hutton est "inéquitable", contre seulement 36% qui le qualifient de "convaincant".