Durant toute son ascension et sa gouvernance, Nicolas Sarkozy n'a jamais donné l'impression d'être l'homme d'un seul mandat. Qu'une telle évidence puisse faire l'objet de grands titres de l'actualité politique française est déjà en soi un phénomène inédit. Durant toute son ascension et sa gouvernance, Nicolas Sarkozy n'a jamais donné l'impression d'être l'homme d'un seul mandat. Mais les sondages, les difficultés à s'imposer à sa propre famille, sa marge de manœuvre devenue réduite comme le montre le dernier remaniement, indiquaient que l'homme était en train de perdre la main au point de ne plus avoir les ressorts indispensables pour relever le défi de sa propre succession. Aussi inimaginable que cela puisse paraître, de nombreux commentateurs politiques relèvent, sans que cela soulève des haut-le-cœur indignés, que Nicolas Sarkozy pourrait envisager de ne pas se présenter, tellement il aurait eu peur de ne pas se trouver au second tour. Ses analyses évoquaient les scénarios d'un 21 avril à l'envers où la candidate du Front National, Marine Le Pen, pourrait se retrouver au second tour face à un candidat de gauche ou dans le pire des cauchemars pour Nicolas Sarkozy, à un autre candidat de la droite. Ceux qui relayaient cette analyse partaient d'un constat simple: que Nicolas Sarkozy semble avoir définitivement perdu sa capacité à recréer un lien de confiance avec les Français, le seul capable de lui garantir un second bail à l'Elysée. Que le bilan sur lequel il est amené à faire campagne n'est ni reluisant ni attractif. Que le président de la République a de fortes chances de tomber, face à ses concitoyens, dans un piège de revanche sociale, où l'urne sert d'instrument de solder les comptes. Sans aucun doute pour mettre fin à toutes ces spéculations qui ont le don d'exciter les ambitions que Nicolas Sarkozy a préféré clarifier sa stratégie. Il l'a fait devant le club de la «Droite sociale» qu'anime Laurent Wauquiez, ministre délégué aux Affaires européennes. C'était d'ailleurs la première fois où Nicolas Sarkozy était aussi clair sur ses intentions pour 2012 : «L'époque où un leader politique dominait sa famille pendant vingt ans ou trente ans est révolue. Chirac ou Mitterrand, c'est fini. Moi, je ne peux me présenter qu'à deux mandats, pas plus (…) Quand je partirai, ce sera la Dolce Vita». Cette clarification de la situation n'est pas une surprise pour la gauche qui, depuis le dernier remaniement, a pointé le fait que Nicolas Sarkozy venait de former une équipe de combat chargée de défendre les acquis du chef et de mener la bataille de l'opinion sur tous les fronts. Et cette perspective qui avait servi d'arguments pour justifier les précoces déclarations de candidature aux primaires socialistes. Parmi tous ceux qui osent des analyses prospectives de cette présidentielle 2012, l'accent est régulièrement mis sur l'amnésie propre à l'opinion. La mauvaise humeur d'aujourd'hui ne peut être qu'un mauvais souvenir pour demain. L'histoire électorale récente regorge d'exemples où la tendance de l'opinion ne préfigurait pas forcément les résultats des urnes. Mais tous sont unanimes à considérer que la grande chance pour Nicolas Sarkozy d'être reconduit à l'Elysée et de pouvoir y passer dix ans comme il semble le souhaiter se trouve au Parti socialiste, rue Solferino et son incapacité notoire à fabriquer une alternative suffisamment crédible pour renvoyer Nicolas Sarkozy à sa «Dolce Vita» cinq ans plus tôt.