Nicolas Sarkozy sait que la carte du remaniement est la seule qui lui reste pour pouvoir espérer influencer le cours désastreux des événements. Si à cause d'un caprice de communication ou un léger vice de bonimenteur, l'opinion française peut avaler cette affirmation de Nicolas Sarkozy selon laquelle il ne disposait pas d'une minute pour penser à la prochaine présidentielle, tout le monde sans exception est convaincu que le président de la République va passer une grande partie de ses vacances estivales à concocter son nouveau gouvernement. Celui là même qu'il avait annoncé pour octobre, qu'il veut resserré autour de lui comme une équipe de samouraïs destinés à abattre les difficultés et à rabattre l'affection perdue des Français. Mieux que quiconque, Nicolas Sarkozy sait que la carte du remaniement est la seule qui lui reste pour pouvoir espérer influencer le cours désastreux des événements. Le cycle des affaires qui mêlent argent et politique, pouvoir et copinage, semble le plomber durablement. Depuis que sous la pression des scandales à répétition, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il allait apporter des changements à son exécutif, programmés pour octobre, la bourse aux paris s'est fiévreusement animée. Et la première question qui paralyse les esprits est la suivante : Nicolas Sarkozy va-t-il enfin faire le grand choix stratégique et se résigner à se débarrasser de François Fillon ou va-t-il conforter le Premier ministre dans son grand phantasme d'effectuer un quinquennat entier à Matignon ? Pour ceux qui misent sur une séparation à l'amiable entre les deux hommes, nombreux sont qui s'échinent à imaginer le profil de son remplaçant. La chronique politique ressort régulièrement le nom de l'actuelle ministre de la Justice Michelle Alliot Marie. Une ancienne chiraquienne devenue sarkozyste par obligation et dont la réputation n'a pas encore été éclaboussée par les affaires. La seconde question que suscite cette envie non pressante de Nicolas Sarkozy de remanier est celle qui concerne les ministres d'ouverture. Le président de la République qui au début de son mandat s'est cru suffisamment fort et sûr de lui au point d'offrir des postes de responsabilités à ses adversaires historiques pourra-t-il continuer dans cette voie alors que cette ouverture est en partie responsable de la mauvaise humeur et la démobilisation de sa propre famille politique ? D'autant que cette ouverture destinée à la base à semer la zizanie au sein du camp d'en face paraît aujourd'hui anachronique. Tant est profonde la chute d'estime et la perte de crédit. D'où les questions sur le sort de ces ministres d'ouverture comme Bernard Kouchner aux Affaires étrangères, Eric Besson à l'Immigration et à l'Identité nationale ou Fadela Amara au secrétariat d'Etat à la Ville. La troisième grande question qui doit secouer la réflexion de Nicolas Sarkozy pendant son exercice estival de monopoly gouvernemental est celui du choix des ministres qui peuvent rester et ceux qui doivent absolument partir sans oublier ceux qui doivent rentrer. A la tête de cette liste des préoccupations se trouve l'actuel ministre du Travail Eric Woerth, le porte scandales de Nicolas Sarkozy. La logique voudrait qu'il soit remercié en octobre, l'amour propre d'un homme passionné jusqu'à l'entêtement pourrait bien le maintenir dans le casting gouvernemental. Comme un défi lancé à ces «officines» accusées de manœuvrer contre lui. Comme un symbole de résistance au dictat des médias.