A la surprise générale, Nicolas Sarkozy vient d'abandonner l'idée de remanier son gouvernement rafraîchi le 23 juin dernier. C'est un signe politique évident que l'homme est en train de tempérer sa démarche, de calmer l'ardeur de son approche. A la surprise générale, l'été certainement influencé par le pépin de santé ayant porté conseil, Nicolas Sarkozy vient d'abandonner, provisoirement, l'idée de remanier le gouvernement de François Fillon 4 rafraîchi le 23 juin dernier. L'ampleur politique de ce geste ne peut se comprendre que comparée à l'importance stratégique et manœuvrière que le président de la République lui accordait. Au lendemain de la naissance de ce gouvernement, Nicolas Sarkozy s'est précipité pour rassurer le microsome non satisfait: il y aura d'autres nominations pour compléter ce nouveau casting. Ces nominations verraient le porte-parole de l'UMP, le polémiste, Frédéric Lefebvre, occuper un secrétariat à l'information auprès du nouveau ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. Ainsi que l'entrée du radical de gauche Paul Giacobbi, président du Conseil général de Haute Corse, nouvelle capture à gauche à la veille des régionales et du député UMP Axel Poniatowski au gouvernement. L'affaire était tellement conclue entre François Fillon et Nicolas Sarkozy que le site officiel de Matignon les a avait affichés pendant un court instant comme de membres à part entière du gouvernement. Ce qui a donné lieu à une fiévreux buzz sur la toile avec les excuses penaudes du service de communication du Premier ministre qui avait attribué cette précipitation à la maladresse d'une stagiaire: «Une collaboratrice du SIG (service d'information du gouvernement), en prenant des notes personnelles sur son interface, en relevant des informations lues dans la presse, a vraisemblablement publié les trois noms». Pour Nicolas Sarkozy, ce remaniement visait à récompenser des fidélités en vue de préparer les prochaines régionales. Frédéric Lefebvre devait rejoindre l'équipe de François Fillon pour le compenser de la perte de son poste de député au profit d'André Santini, ex-secrétaire d'Etat à la Fonction publique remercié sans ménagement et dont il était le suppléant au Palais Bourbon. Les pages de la presse française bruissaient de la mauvaise humeur du nouveau ministre de la Culture F. Mitterrand qui refusait qu'on lui adjoigne une personnalité aussi volcanique et aussi fielleuse que Frédéric Lefebvre. Certains lui ont même prêté l'intention de remettre son poste en jeu s'il devait subir une cohabitation avec le porte flingue le plus agressif de Nicolas Sarkozy à l'UMP. Plusieurs facteurs expliquent les raisons pour lesquelles Nicolas Sarkozy a dû renoncer pour le moment à ce remaniement. L'agence France Presse lui attribue cette confidence : « Je ne le sens plus. Ce n'est pas le moment d'augmenter le nombre de ministres. On a autre chose à faire». Cette prise soudaine de conscience trouve ses racines officiellement dans le contexte de crise économique que traverse la France. Nommer des nouveaux secrétaires d'Etat dont le besoin ne s'impose pas comme une urgence absolue et s'afficher à la tête d'un gouvernement pléthorique au moment même où le taux de chômeurs retrouve des cimes vertigineuses n'est pas, à proprement parler, un exemple réussi de communication politique. Par ailleurs, en se limitant involontairement aux besoins maladroitement revendiqués de «caser» des amis, ou de donner des petites griffes à gauche à la veille d'une échéance électorale, la carte du remaniement que détenait Nicolas Sarkozy perdait de tout son magnétisme et devenait plus une corvée honteuse qu'un exploit susceptible d'engranger des bénéfices politiques. C'est de cette façon que ce mini-remaniement, devant contenir des grandes «surprises», annoncé et spéculé pendant les chaudes semaines d'été, semble avoir simplement été renvoyé aux calendes grecques. Les plus magnanimes le reportent aux lendemains des élections régionales prévues dans six mois. «Impossible», rétorquent d'autres. Cette date a déjà été cooptée par Nicolas Sarkozy pour opérer le grand chambardement, changer de Premier ministre et de gouvernement et créer l'instrument exécutif idéal qui doit le mener tout droit vers sa réélection en 2012.