Si les partis de la majorité ont fini par adopter à l'unanimité le scrutin de liste provincial, les partis de l'opposition semblent encore attachés au mode d'élection en vigueur. Combat d'arrière-garde ? Finalement, les partis de la majorité ont tranché. Ils se sont prononcés, lundi 14 janvier, en faveur du scrutin de liste provincial pour les prochaines élections, à l'issue d'une réunion sanctionnée par un communiqué commun. Fini donc le suspense qui a longtemps été entretenu autour de cette question. Abderrahmane Youssoufi a mis tout son poids dans la balance pour mettre tout le monde d'accord, c'est-à-dire les membres de la coalition gouvernementale. Certains d'entre eux étaient en effet hésitants quant à un changement de mode de scrutin, préférant plutôt le maintien du mode en vigueur, en l'occurrence le scrutin uninominal à un seul tour. Il s'agit du RNI (rassemblement national des indépendants) dont le président, Ahmed Osman, avait un certain mal à convaincre une partie des siens de l'utilité de changer. Le même problème se posait au sein du MNP de Mahjoubi Aherdan qui voyait d'un mauvais œil l'adoption d'un scrutin de liste. Le parti de l'Istiqlal, favorable au départ à un scrutin de liste régional, s'est rallié finalement, au scrutin provincial. En vérité, le mode d'élection actuel n'arrangeait pas les intérêts des baronnies locales qui peuplaient, voire encadraient la majorité des partis marocains. Ces dernières faisaient la pluie et le beau temps, courtisées par presque tous les leaders des partis. Car, en plus de leurs arguments sonnants et trébuchants, elles ont pour elles la notoriété et l'influence. C'est ce mode de scrutin qui a permis jusqu'ici à ces potentats de décrocher facilement des sièges soit à la commune soit au Parlement. Car les électeurs votent ici non pas pour des partis mais pour des personnes. Bien entendu, ce mode a favorisé et nourri tous les maux dont souffre le pays : corruption, achat des voix, clientélisme, opportunisme et médiocrité. Qu'en pensent les partis du Wifak? il semble qu'ils ne sont pas favorables au changement du scrutin actuel pour un autre. Abdallah Kadiri, leader du PND, a innové en la matière en trouvant une astuce pour partager la poire en deux : adopter le scrutin uninominal pour une partie des sièges à pourvoir et le scrutin de liste pour l'autre partie. Un combiné de deux systèmes. Cette frilosité manifeste, développée également par les petits partis face au scrutin de liste en général, cache mal un certain combat d'arrière-garde. Le scrutin de liste en revanche va sinon, faire disparaître ces contradictions qui ont miné la démocratie locale et nationale, du moins en réduire l'intensité. Par la même occasion, ce mode est censé permettre aux chefs de partis ou à la commission des candidatures de sélectionner des candidats jugés de valeur. En principe, cette nouvelle approche électorale devrait rejaillir aussi bien sur la qualité de l'encadrement local que de la représentation nationale. Cependant, il ne faut pas oublier qu'un mode de scrutin quelle que soit sa performance, n'est qu'un moyen technique dans le dispositif électoral. Il ne faut pas croire que le scrutin de liste est la baguette magique qui va supprimer l'impéritie locale ou l'opportunisme électoral. Loin s'en faut.