Youssef Belal estime que le PAM a du mal à rassembler les partis de la droite dans un pôle uni. Il affirme, en outre, que la rationalisation de la vie politique accuse du retard. ALM : Quelle analyse faites-vous de l'élection de Cheikh Biadillah à la tête de la Chambre des conseillers? Youssef Belal : Je pense que la victoire de Mohamed Cheikh Biadillah est une victoire en demi-teinte. Cette victoire s'inscrit dans le cadre de la continuité des résultats positifs obtenus par le PAM depuis les élections communales du 12 juin. Mais il faut tout de même garder à l'esprit que l'élection du secrétaire général du PAM à la tête de la deuxième Chambre a eu lieu dans le deuxième tour de l'opération électorale et ce à cause de la concurrence du candidat du RNI, Maâti Benkaddour. Ce qui veut dire que le PAM n'a finalement n'a pas réussi à rallier le RNI. Quelle lecture faites-vous de ce constat? Je dirais que le PAM a des difficultés à constituer un pôle de droite qui soit cohérent. Le PAM n'a pas réussi à rallier le RNI de son côté, même s'il est très proche de lui étant donné que ces deux partis partagent la même idéologie et ont une composition sociologique similaire. Le RNI affirme son autonomie et ne veut pas être absorbé purement et simplement par le PAM. Quel est l'impact de l'élection du PAM à la tête de la Chambre des conseillers? Certes, cette élection est en mesure de fragiliser davantage la majorité gouvernementale. Mais il faut que les choses soient placées dans leur contexte. Le poste de président de la deuxième Chambre est un poste protocolaire et de représentation. Certains observateurs ont qualifié d'absurdité le fait que des partis de la majorité votent pour un membre de l'opposition. Qu'en dites-vous? Actuellement, les frontières entre la majorité et l'opposition ne sont pas clairement définies. C'est un jeu à géométrie variable qui dépend des négociations entre les partis politiques. L'exemple le plus typique de ce constat est l'attitude du Mouvement populaire (MP), avec son va-et-vient entre les deux camps. Ce parti faisait récemment partie de la majorité puis il a rejoint l'opposition. Peu de temps après, il a soutenu le gouvernement Abbas El Fassi après le retrait du PAM de la majorité et on le voit aujourd'hui soutenir la candidature d'un membre de l'opposition à la présidence de la Chambre Haute. Justement, comment expliquez-vous cette attitude du MP ? La position du Mouvement populaire est loin d'être une position de principe. On y voit surtout beaucoup d'opportunisme et d'incohérence politique. Il y a dans cette attitude, comme cela a été affirmé par certains observateurs, une sorte d'absurdité et d'incohérence. Ce qui montre, à bien des égards, que la rationalisation de la vie politique accuse du retard. On est encore loin d'une politique qui soit au service de l'intérêt général. Certains disent que le PAM arrive toujours à obtenir ce qu'il veut. Cela est-il vrai? Non c'est faux. Le PAM n'arrive pas toujours à avoir ce qu'il désire obtenir. La preuve en est que ce parti n'arrive toujours pas à constituer un pôle de droite qui soit capable de mettre en place une majorité homogène et cohérente. Et qu'il trouve souvent des difficultés à entamer des alliances avec d'autres formations politiques. Mais comment peut-on expliquer le fait que le PAM est arrivé à remporter toutes les échéances électorales qui ont eu lieu au lendemain de sa création? Il ne faut pas perdre de vue un élément très important. Le PAM est aux yeux de tout le monde le parti créé par l'ami du Roi. En économie, on parle du concept des anticipations auto-réalisatrices. C'est lorsque des personnes font des paris sur l'avenir, par exemple en Bourse.