Youssef Belal estime que l'émergence d'un pôle de droite n'est pas possible aujourd'hui. L'absence d'une ligne d'action cohérente entre les partis de droite en est la principale raison. ALM : Comment peut-on définir la droite au Maroc ? Youssef Belal : En Europe, la droite renvoie au conservatisme, à la préservation de l'ordre, de la hiérarchie tandis que la gauche s'intéresse davantage à l'égalité, la justice sociale et la solidarité. Au Maroc, il est difficile de définir la droite. Ce sont des partis qui ont été créés successivement. Les partis politiques de droite ont un certain nombre de points communs. Ce sont des partis du Makhzen qui sont au service du pouvoir. Peut-on parler d'un pôle de droite au Maroc ? Il est difficile, aujourd'hui, de parler d'un pôle de droite au Maroc.Nous sommes très loin de la création d'un pôle. Il faut être réaliste, ni un pôle de droite ni un pôle de gauche sont possibles aujourd'hui. On constate qu'il n'y a pas une ligne d'action cohérente entre les partis de la droite. Ceux-ci ne partagent pas les mêmes valeurs. Ceci explique pourquoi il n'est pas possible de les rassembler dans un seul et même pôle. La droite n'est pas un bloc homogène. Pour avoir une droite cohérente, il faut que celle-ci ait une capacité d'autonomisation par rapport à l'Etat. Pour l'instant, cette autonomie reste insuffisante. Il faut par ailleurs un système politique moins segmenté. On reste dans un champ politique éclaté. Le scrutin de liste favorise cet éclatement. Il faut suivre le mode de scrutin adopté en France, aux Etats-Unis ou encore en Allemagne qui favorise la bipolarisation politique. Les partis politiques ne sont pas au cœur du pouvoir politique. Pour qu'il puisse y avoir une émergence de bloc, il faut un changement dans le système politique actuel. Le PAM n'a finalement pas réussi à rallier les partis de la droite dans un même pôle. Quelle analyse en faites-vous ? Il y a eu plusieurs tentatives du PAM auprès du PND et du RNI mais celles-ci n'ont pas abouti. Deux éléments expliquent en fait cet échec du PAM. Il faut tout d'abord relever la démarche de ce parti. L'approche autoritaire du PAM n'a pas donné satisfaction aux responsables des partis. Le PAM n'a pas une approche fédératrice pouvant rallier tous les partis de la droite. Par ailleurs, il faut souligner le flou idéologique qui règne au sein du PAM. Il n'y a pas de cohérence idéologique ni de structure cohérente. L'émergence d'un pôle de droite autour du PAM est possible mais à long terme. Il est encore trop tôt pour se prononcer.Il faudra attendre de voir ce que donneront les prochaines élections de 2012.