Julien Dray, qui tente par tous les moyens de prouver son innocence, est un des héros visibles de «Hold-up, arnaques et trahisons». Alors que l'affaire Clearstream refait rage dans l'actualité politique française avec le passage à la barre cette semaine de témoins clefs et des principaux prévenus, un autre homme politique en prise avec la justice de son pays refait surface pour se rappeler au bon souvenir des Français. Il s'agit du député socialiste Julien Dray, mis en cause par une enquête du parquet pour une douteuse histoire de mouvement de fonds suspect sur ses comptes. Pendant de longues semaines, l'homme avait involontairement campé un personnage sulfureux aux allures siciliennes et qui incarne dans ses travers ce qu'une gauche débarrassée de tous ses complexes et ses freins moraux peut produire de pire en matière de corruption, d'abus de biens sociaux et de détournements de subventions publiques. L'homme avait été soupçonné de confondre son propre argent avec celui d'associations qu'il parrainait comme «Les amis de SOS racisme» pour se livrer à des achats compulsifs de montres et autres luxueuses dépenses. Certains de ses amis comme ses adversaires avaient éprouvé un malin plaisir à enfoncer un homme qui, non seulement avait joué un rôle clef auprès de l' ex-candidate socialiste à la présidentielle, constituait un dangereux remous pour l'actuelle direction du PS à laquelle il ne reconnaissait pas une grande légitimité. Sans parler que Julien Dray faisait partie du casting socialiste sur lequel Nicolas Sarkozy lorgnait avec appétit pour garnir ses trophées de guerre de son ouverture. Julien Dray dont l'obsession est de montrer qu'il est victime d'une cabale patiemment tissée contre lui par ses adversaires, vient de lancer un appel au président de la République. Profitant que ce dernier soit totalement immergé dans l'affaire Clearstream sur laquelle affirme Julien Dray il a eu des mots très durs en disant qu'il ne jouait pas avec «la probité et la morale», alors «qu'il s'imagine ce que c'est qu'un parlementaire qui, depuis neuf mois, subit une campagne comme pas grand monde la subit, de lynchage médiatique et de lapidation». Dans la ligne de mire de Julien Dray, le fameux «Tracfin», cellule gouvernementale de lutte anti-blanchiment qui avait révélé le mouvement suspect des fonds sur ses comptes bancaires qu'il accuse «d'officine secrète». En effet, selon de nombreux médias qui citent un rapport de police, Julien Dray aurait perçu entre 2005 et 2008 la somme de 1.631.417 euros et a dépensé pour la même période 2.087.678 euros. Julien Dray, qui tente par tous les moyens de prouver son innocence en pointant les erreurs comptables que les policiers de la brigande financière auraient commises à son encontre, est un des héros visibles du dernier livre à charge contre le Parti socialiste des deux journalistes Antonin André et Karim Rissouli «Hold-up, arnaques et trahisons». Le livre, qui accuse ouvertement Martine Aubry d'avoir volé sa victoire au dernier congrès de Reims, cite des propos très durs de Julien Dray sur sa condition de victime et de ses ambitions brisées net au moment même où elles changent d'ampleur : «Finalement, je suis un bâtard. Tant que le bâtard joue le rôle du fou du roi, ça va.... Mais quand le fou du roi veut devenir le roi, on lui dit «t'es pas de la caste, t'es un métèque». C'est ce que j'ai ressenti avec François (Hollande) et Ségolène (Royal). Dans sa farouche volonté de laver son honneur et de revenir jouer les premiers rôles dans la galaxie socialiste qui se prépare à un grand référendum interne, Julien Dray a sans douté été encouragé dans sa démarche par le procès qu'il vient de gagner contre le magazine «Le Point» pour diffamation publique. L'affaire porte sur le numéro du 12 février dernier qui publie un dossier intitulé «Politique et argent» avec un article portant ce titre : «Les addictions de Julien Dray… le député de l'Essonne est-il seulement un acheteur compulsif ?». Dans cette affaire qui l'a plongé dans des sables mouvants et alors qu'il attend de voir si l'enquête va le mener directement devant un tribunal correctionnel, Julien Dray, natif d'Oran, en Algérie, ne peut espérer sortir indemne et retrouver une totale virginité. Même s'il parvient à prouver que les accusations contre lui sont excessives et fantaisistes, sa réputation comme son intégrité semblent définitivement entachées.