Pour Aftati qui a mis son parti dans l'inconfortable grand écart de devoir s'en désolidariser tout en essayant fort maladroitement de le défendre, il n'y a aucune circonstance atténuante, car on ne sait ce qui est le plus grave dans ce cas, la mauvaise foi ou la bonne. La lettre qu'avait adressée Mohamed El Hamdaoui, président du Mouvement Unicité et Réforme, à Abdellilah Benkirane, secrétaire général du PJD, dit tout le contentement de cette mouvance devant les résultats obtenus aux Communales du 12 juin. Même si une étude a-politicienne du nombre de leurs voix, candidats et élus en fait une modeste formation, leur force n'étant précisément pas ici, il est clair que les islamistes du MUR-PJD sont plus qu'heureux de leurs réalisations, fiers ! Mais alors pourquoi hurlent-ils tant et dans quels buts provoquent-ils l'administration territoriale sur son terrain, l'ordre public ? La confrontation les rendant plus audibles, la médiatisation n'est pas étrangère à leurs calculs. Par la même occasion, ils lancent la dynamique de ce que va être leur opposition en perspective de 2012 : présence et virulence. Balancés entre la tentation factieuse et la disposition à la participation, ils cherchent également à démontrer aux plus radicaux des islamistes que participation et contestation ne sont pas incompatibles. Cette stratégie donne lieu à un comportement dual assez significatif de leurs contradictions et de la hantise, à mon sens aujourd'hui injustifiée, de se voir frapper d'illégalité. On les voit ainsi amplifier les abus de langage et les scènes d'affrontements et en même temps multiplier les gages de «fréquentabilté». Pas plus tard que cette semaine, le plus excessif d'entre eux, Mustapha Ramid, rangeait son agressivité sous la bannière de Dieu, la Patrie, le Roi. S'il est vraiment sincère, tout le monde finira par trouver son compte dans ce jeu. Le recours du député PJD Abdelaziz Aftati à l'ambassade de France à Rabat pour solliciter ce qui ressemble bien à une forme de protection pour son camarade d'Oujda blessé à la suite d'un affrontement avec les forces de l'ordre, ne peut se concevoir que comme un dérapage qui vient confirmer la propension de ce parti aux dérives dont la plus notoire reste la contestation par Rissouni de l'aptitude du Commandeur des croyants à la fatwa. Quel que soit l'angle par lequel on le prend, il n'est que mépris de soi d'autant plus grotesque qu'il émane du député d'une formation dont la logorrhée puise ses ressorts dans «l'orgueil du musulman et la fierté de l'Arabe». Son cheval de bataille n'est-il pas précisément les valeurs «avilissantes» de cet Occident chrétien et de ses sous-traitants indigènes ? Pour le député Aftati qui a mis son parti dans l'inconfortable grand écart de devoir s'en désolidariser tout en essayant fort maladroitement de le défendre, il n'y a aucune circonstance atténuante, car on ne sait ce qui est le plus grave dans ce cas, la mauvaise foi ou la bonne. Qu'il ait agi avec l'intention de mêler la France aux affaires intérieures marocaines en vue d'y trouver un soutien dans un rapport de forces interne s'apparente par certains aspects à intelligence avec puissance étrangère. Dans le cas contraire, il dénote une incurie politique effrayante. Qu'attendre, en effet, d'un député de la nation même pas capable de mesurer la portée et les incidences de pareil acte ? La double nationalité est tolérée au Maroc mais seulement si elle ne remet pas en cause l'inaliénabilité de la marocaine et les devoirs envers la patrie qui en découlent. Passe alors si on se revendique de la marocaine pour se présenter aux élections et de la française pour se faire soigner. Pour ce, il y a des voies sanitaires et consulaires beaucoup moins suspectes que la lettre du député à l'ambassade.