Mehdi Mezouari estime que le maire de Fès est mal renseigné sur l'histoire du Maroc et que ses allégations contre Ben Barka n'ont aucune justification. ALM : M. Chabat n'a pas présenté d'excuses suite à ses déclarations à propos de Mehdi Ben Barka. Qu'en pensez-vous ? Mehdi Mezouari : La question des excuses n'était pas à l'ordre du jour. Cette personne a tenu des propos diffamatoires qui n'ont aucun sens et qui n'ont aucune justification. Je pense que quelqu'un est derrière les déclarations de Chabat. Quelqu'un qui ambitionne de mettre fin à l'alliance historique entre l'USFP et le PI. Quelqu'un qui aimerait porter atteinte à cette entente, déstabiliser la Koutla et imposer ainsi par la force une nouvelle logique. A l'heure où il est question d'élargir le champ d'action de la Koutla et la mettre à jour, certains aimeraient imposer un nouveau débat. Chabat est un sous traitant de cette mission pour que certains restent seuls dans le champ politique. Il a précisé que ses déclarations concernaient l'époque où Ben Barka était un militant du Pl. Que répondez-vous ? J'aimerais préciser trois points à ce propos. Tout d'abord, il importe peu pour nous que Ben Barka soit un militant du PI ou de n'importe quel autre formation politique. Ben Barka n'est pas un label commercial. La Chabiba Ittihadia défend Ben Barka le nationaliste, le militant de gauche, le fondateur et le militant tiers-mondiste. Tous les Marocains s'identifient dans la personne de Ben Barka, toutes idéologies confondues. Deuxièmement, il faut dire que Chabat est mal renseigné sur l'histoire du Maroc. La Jeunesse ittihadie n'a pas vu le jour en 1975. Déjà en 1959, on a commencé à parler d'une Jeunesse Ittihadia, le temps de la naissance de l'Union nationale des forces populaires (UNFP). C'est à cette époque là qu'on a commencé à débattre sur la plate forme politique et organisationnelle de la Jeunnesse Ittihadia. Et c'était Ben Barka qui a été l'architecte d'un mouvement de jeunes de l'UNFP. Chabat se présente aujourd'hui comme un «révisionniste» de l'histoire. Il aspire à mettre en doute une partie de notre histoire alors qu'en réalité il doit faire des lectures dans ce sens. Le troisième point, c'est que, comme je viens de le préciser, le procès que nous avons intenté est un procès symbolique. Nous ne demandons pas d'excuses de Chabat. Mais, nous sommes contre la sortie du maire de Fès et de ceux qui se trouvent derrière lui, car il s'agit là d'un deuxième assassinat de Ben Barka. M. Chabat s'est montré confiant quant à l'issue de cette affaire. Pourquoi ? La confiance dont a fait preuve Chabat est, à mon avis, due à deux hypothèses principales. Ou bien Chabat a des preuves irréversibles à propos de ses allégations contre le martyr Ben Barka, ce qu'est impossible. Ou bien, l'homme est sûr d'un jugement qui n'est pas encore d'actualité. De toute façon, nous ne nous attendons pas à grand-chose du procès que nous avons intenté contre Chabat.