Qui cherche à déstabiliser la majorité gouvernementale, briser l'alliance historique existant entre le PI et l'USFP et ternir l'image des figures historiques du militantisme marocain pour la démocratie ? La Chabiba Ittihadia (Jeunesse de l'USFP) a déposé une plainte contre le maire de Fès, Hamid Chabat, pour diffamation à l'encontre de feu Mehdi Ben Barka qu'il a qualifié, publiquement, d'assassin. L'organisation regroupant les jeunes cadres de la formation socialiste a mandaté l'avocat Mohamed Fertate du barreau de Rabat pour introduire l'action en justice. Le tribunal de première instance de Rabat devra donc statuer sur une affaire très particulière et qui suscitera sans doute de grands débats juridiques et politiques. Sur le plan juridique, l'affaire revêt plusieurs particularités. D'abord, c'est très probablement la première fois, que la justice marocaine devra se prononcer sur une affaire de diffamation contre une personne disparue, il y a plus de quarante ans. Deuxièmement, le plaignant est une personne morale qui estime avoir subi un préjudice par les propos du maire de Fès. La plainte est-elle recevable étant donné que la loi exige l'existence d'un intérêt personnel et direct chez le plaignant étant donné que feu Ben Barka avait disparu avant la création de l'USFP. C'est le juge qui aura le dernier mot. Troisième particularité de cette affaire : M. Chabat devra, s'il y a procès, démontrer que les faits qu'il impute à feu Ben Barka sont vrais. Comment la défense pourra-t-elle alors démontrer l'existence de liens directs entre les tueries de Souk El Arbiaâ, par exemple, et Mehdi Ben Barka ? Les plaidoiries promettent d'être très animées. Sur le plan politique, le procès créera une fissure énorme entre deux grandes formations qui font partie du gouvernement. Le parti de l'Istiqlal dont le secrétaire général est le Premier ministre et l'USFP dont le premier secrétaire n'est autre que le ministre de la Justice. Les plaignants sont de la famille politique de ce dernier et l'accusé est, tout simplement, le patron de la première centrale syndicale du Maroc en termes de représentativité (UGTM) et le principal soutien de Abbas El Fassi au sein de l'Istiqlal. Comment ne pas penser alors que toute cette affaire n'est pas née du hasard. Tous ceux qui ont étudié le phénomène Hamid Chabat estiment que depuis 1991, l'homme a toujours agi sur la base d'idées soufflées. Qui veut donc déstabiliser la majorité gouvernementale, briser l'alliance historique existant entre le PI et l'USFP et ternir l'image des figures historiques du militantisme marocain pour la démocratie ? Seul Chabat peut répondre à cette question. Et si, lui même, ne connaît pas la réponse. Il faudra se contenter de classer ses déclarations dans le cadre du «Chabatisme». Un phénomène irrationnel que les analystes politiques n'ont pas encore réussi à expliquer.