Une mini-rencontre, des poignées de main courtoises. Des efforts qui ne semblent pas avoir suffi pour relancer le dialogue entre l'Inde et le Pakistan réunis à Katmandou. «Ils se parlaient depuis dix à quinze minutes avant que je ne quitte la pièce. Quand je suis partie, ils parlaient de manière très animée» a ainsi annoncé dimanche la présidente du Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga. La dirigeante, qui participe au Sommet des sept pays d'Asie du Sud de Katmandou, a précisé qu'elle se trouvait dans une pièce avec les deux leaders et leur entourage, quand elle leur a suggéré d'avoir «une discussion bilatérale». «Le président du Pakistan a commencé à parler directement de leurs problèmes», a-t-elle précisé à la presse en ajoutant que les ministres des affaires étrangères, le Pakistanais Abdul Sattar et Jaswant Singh pour l'Inde, s'étaient joints à la conversation. Pourtant, si contact il y a eu, le chef de l'exécutif indien s'est empressé de faire disparaître tout espoir de règlement du conflit en déclarant qu'il s'agissait de «courtoisies, rien de plus»… D'ailleurs, des discussions avaient déjà eu lieu samedi entre les deux chefs de la diplomatie selon un responsable pakistanais qui a aussi déclaré que le conseiller indien pour la sécurité nationale, Brajesh Mishra, avait sorti un document de sa poche, à la cérémonie de clôture du sommet régional, pour le remettre au ministre pakistanais des affaires étrangères, dimanche. Mais du côté indien, on affirme que ces contacts n'ont concerné que les sujets évoqués dans le cadre de cette réunion régionale… Les gestes symboliques n'ont pourtant pas manqué de part et d'autre, les représentants des deux puissances nucléaires rivales ayant même échangé une nouvelle poignée de main dimanche après une première «main de l'amitié» la veille. En attendant plus de concret, le Général Musharraf s'est prononcé pour la venue d'un envoyé spécial américain dans la région. «Si les deux parties ne peuvent se parler, alors c'est bien qu'une tierce partie, peu importe laquelle, facilite et agisse comme médiateur pour désamorcer la tension», a-t-il dit. Une éventualité que le chef de la diplomatie indienne a pour sa part déjà refusée, craignant l'internationalisation d'un conflit que l'Inde a toujours considéré comme bilatéral. Autre point de discorde, la demande faite par New Delhi d'extrader les extrémistes basés au Pakistan vers l'Inde, a été rejetée par Islamabad. Bref, à l'issue d'un Sommet qui aurait pu être celui d'un début de réconciliation, les deux parties peuvent au moins se mettre d'accord sur un point : la tension « n'a pas disparu mais elle ne s'est pas aggravée non plus», comme conclu par M. Vajpayee. Selon la presse indienne, le Premier ministre n'exclurait toutefois pas un retour au dialogue dans «l'avenir» au moment où son homologue britannique Tony Blair lui rendait visite ce dimanche à New Delhi, avant de se rendre lundi à Islamabad.