Réduisant encore les espoirs d'un allègement de la crise actuelle entre les deux puissances nucléaires, le Premier ministre indien Vajpayee a exclu dimanche toute idée d'entretien avec le président pakistanais Musharraf. Le président russe Vladimir Poutine aura fort à faire. En vue d'une médiation, il doit s'entretenir séparément, à Almaty, au Kazakhstan, avec chacun des deux hommes en marge de la Conférence sur la sécurité qui débute ce lundi à Almaty, la capitale économique du Kazakhstan. Moscou avait espéré une rencontre entre les deux dirigeants, une idée envisagée par Islamabad mais repoussée par New Delhi. «Il n'y a aucun projet de cette sorte», a déclaré Vajpayee au moment de son départ pour Almaty. «Si nous voyons sur le terrain le résultat des déclarations du général Musharraf, nous l'envisagerons très sérieusement », a-t-il toutefois ajouté, faisant référence à la promesse du dirigeant pakistanais de faire cesser les activités des militants islamistes au Cachemire. Musharraf s'était pour sa part déclaré prêt à s'entretenir avec Vajpayee afin de désamorcer la situation actuelle, qui fait craindre une aggravation du conflit entre les deux pays, à couteaux tirés depuis l'attaque du parlement indien, en décembre. Les deux responsables s'étaient rencontrés pour la dernière fois en janvier, au sommet de Katmandou, où leur rencontre s'était limitée à une poignée de main et quelques mots échangés. La tension s'est encore accrue après l'attentat commis à la mi-mai contre un camp militaire de la province de Jammu-et-Cachemire par des activistes présumés basés au Pakistan, en lutte contre le régime indien dans cette partie du Cachemire. Fusillades et tirs de mortiers sont désormais quotidiens à la frontière indo-pakistanaise, où un million de soldats se font face. Une attaque au mortier de l'armée pakistanaise dans un village a fait dimanche, selon la police indienne, un mort – une femme - et six blessés civils. L'inde a fait savoir que Vajpayee soulèverait la question de ce qu'il qualifie de « terrorisme transfrontalier » soutenu par le Pakistan lors des discussions à Almaty, capitale économique du Kazakhstan. Le ministre indien de la Défense, George Fernandes a assuré que New Delhi se garderait d'agir avec précipitation. «L'Inde n'agira pas de façon impulsive. Notre détermination est intacte pour la simple raison que nous nous sommes battus et que nous continuerons à nous battre dans la guerre contre le terrorisme», a-t-il déclaré depuis Singapour. «Tout ce que nous attendons du régime de Musharraf, c'est qu'il cesse de soutenir le terrorisme». Selon Fernandes, des groupes d'activistes, taliban et membres d'Al-Qaïda notamment, se sont réfugiés dans la province pakistanaise de la frontière du nord-ouest et sa partie cachemirie. Des séparatistes ont affirmé, pour leur part, dimanche que, conformément aux ordres d'islamabad, ils avaient quasiment cessé toute incursion le long de la « ligne de contrôle» qui divise le Cachemire depuis 1948. «On le leur a demandé, alors les infiltrations ont virtuellement cessé», a indiqué une source proche des activistes de la partie pakistanaise du Cachemire. «Les instructions ont été données il y a environ une semaine ». Par ailleurs, l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) a appelé les deux belligérents à la retenue. Le secrétaire général de l'Organisation, Abdelouahed Belekeziz, a appelé dimanche l'Inde qui a offert sa médiation pour désamorcer la crise entre les deux pays. Dans un communique de l'OCI publié en son siège de Djeddah, M. Belekeziz affirme être « totalement disposé à déployer des efforts de bons offices entre les deux pays pour réduire la tension et faciliter le dialogue entre eux en vue de négociations sérieuses destinées à trouver un règlement juste et permanent aux questions en suspens ».