Tombée enceinte suite à une relation extraconjugale, Souad s'est fait avorter alors qu'elle était à son septième mois de grossesse. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Salé. La salle d'audience était archicomble en ce jour de mars dernier. Au box des accusés, se tenaient une fille de dix-sept ans et un jeune homme de vingt-quatre ans. Elle s'appelle Souad et il se prénomme Ahmed. Elle est poursuivie d'infanticide et de débauche. Elle le fixait de temps en temps, mais lui, faisait semblant ne l'avoir jamais vue ou rencontrée. «Je couchais avec lui…Il est le père de mon enfant…», insistait-elle devant la cour. Au contraire, répliquait-il sur un ton ferme : «Non, M. le président, je ne l'ai jamais rencontré et je n'avais jamais eu de relation avec elle…».Qui a raison et qui a tort ? L'avocat de Souad a qualifié Ahmed, lors de sa plaidoirie, de menteur. Il s'est interrogé sur la raison pour laquelle sa cliente, Souad, l'a accusé. Et il s'est exclamé sur le fait qu'Ahmed nie l'avoir vue, alors qu'ils habitent tous les deux le même douar Aït Kassou, à Sidi Abderrazek, Tiflet. Selon la version de Souad, Ahmed l'a croisée, il y a plus de deux ans au douar. Elle était à son seizième printemps et il était âgé de vingt-deux ans. Il lui a exprimé son amour, lui a proposé d'entretenir une relation et lui a promis le mariage. Encore mineure, elle a cru à ses paroles. Ahmed n'a pas pris ses précautions, mais il a profité de son corps encore tendre jusqu'au point qu'il a consommé sa virginité. Il lui a expliqué qu'il n'attendait que de décrocher un emploi pour se présenter à sa famille et la demander en mariage. Elle n'a même pas dévoilé son secret à sa mère qui pourrait l'aider à trouver une solution convenable. Quand elle s'est convaincue que son bien-aimé l'a abandonnée, elle a pensé à se débarrasser de son fœtus. Elle était à son septième mois de grossesse quand elle a commencé à manger des herbes médicinales. «C'est la maman d'Ahmed qui me les avait donnés pour me faire avorter…Elle m'a promis de me marier avec son fils si je me débarrassais de mon enfant…», a expliqué Souad à la cour. «Non, M. le président, d'abord je ne savais pas si elle avait eu une relation avec mon fils ou non…», a répondu la maman d'Ahmed qui a été convoquée par la cour. Plus loin de chez elle, elle a mis au monde son enfant prématuré. «Je l'ai mis au monde sans rien lui faire… Il était mort-né…», a-t-elle affirmé à la cour. C'est ce qu'il a été confirmé par l'autopsie. Après les délibérations, la cour a condamné Souad à un an de prison ferme. Alors qu'Ahmed, jugé coupable de débauche, il a écopé de six mois de prison ferme. Si ce dernier a été relâché puisqu'il avait passé plus de la durée de sa condamnation derrière les murailles de la prison, Souad devrait attendre quelques mois pour se rendre chez elle.