Pour avoir violé une employée dans un publiphone à Casablanca, Rachid, repris de justice, a été condamné par la chambre criminelle près la Cour d'appel à trois ans de prison ferme. Nous sommes à la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. La salle d'audience est archicomble ce jour du mois de mai. Au box des accusés, Rachid se tenait devant les trois magistrats. Vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon blanc, il clamait son innocence. «J'entretenais une relation amoureuse avec elle depuis trois mois…», disait-il en tentant de convaincre la Cour. Dans le procès-verbal de son audition, il est signalé qu'il lui avait demandé d'entretenir une relation amoureuse avec elle et qu'elle s'est abstenue. C'est ce que Naïma avait confirmé devant les magistrats. Cette fille de vingt-six ans, employée, célibataire, a précisé devant la Cour que : «Rachid fréquentait le publiphone dont je me charge…». Il faisait semblant de téléphoner. «J'ai remarqué qu'il ne composait pas de numéro...», a-t-elle expliqué. Rachid ne lui avait jamais adressé la parole. Il se contentait de rentrer dans une cabine téléphonique et de la dévisager derrière la vitre avant de partir. «Je ne lui ai jamais demandé pourquoi… Mais je l'ai déjà signalé à mon patron…», a-t-elle affirmé à la Cour. La dernière fois, il s'est planté, dès 20 h, devant la porte du publiphone. Il ne l'a pas harcelée, ni l'a provoquée. Il s'est contenté de la fixer avec ses regards. «Je croyais qu'il était sous l'effet de la drogue…», a-t-elle précisé. Quand elle est sortie du publiphone, vers 21 h, pour aller chez elle, il l'a suivie. Tout d'un coup, il s'est approché d'elle. Il lui a alors demandé de s'arrêter, car il voulait lui exprimer son amour…Elle ne lui a prêté aucune attention et a continué son chemin. Rachid semblait avoir perdu ses nerfs.C'est alors qu'il l'a poussée violemment au point qu'elle est tombée. Lorsque quelques jeunes voulaient intervenir, il a brandi un couteau et les a menacés tout en leur demandant de le laisser régler ses problèmes avec sa femme. Ils ont reculé avant de disparaître. Sous la menace du couteau, il a conduit Naïma jusqu'à l'entrée d'une maison abandonnée. Il lui a ordonné de ne plus demander secours. «Sinon, je vais te tuer…», l'a-t-elle menacée. Et il l'a obligée de lui céder. Quand il l'a violée à deux reprises, il l'a abandonnée sur les lieux. «Non, M. le président…Elle ment…», a crié Rachid. Ce jeune homme de vingt-huit ans, sans profession, célibataire, repris de justice pour coups et blessures et consommation de drogue a précisé qu'il n'avait que l'intention d'entretenir une relation amoureuse avec elle. Ni plus ni moins. Avait-il raison ou tort ? Le représentant du ministère public a affirmé que Rachid avait tort. Selon lui, Naïma ne bénéficierait d'aucun intérêt en mettant, injustement, l'index sur lui. Au contraire, l'avocat de la défense, constitué dans le cadre de l'assistance judiciaire, a affirmé que Rachid est innocent et que Naïma avait l'intention de se venger de lui parce qu'il l'a abandonnée après une relation de quelques semaines. Seulement le dernier mot était pour la Cour qui a jugé Rachid coupable et l'a condamné de trois ans de prison ferme.